Manitou prend la crise de plein fouet

Si le leader mondial du chariot élévateur a sauvé la mise en 2008, ses ventes devraient chuter en 2009. Un plan social semble inévitable.

La crise n'épargne pas les fleurons de l'industrie. Manitou, premier fabricant mondial de chariots élévateurs tout-terrain, annonce pour 2008 une modeste hausse de 1,4 % de son chiffre d'affaires consolidé, soit 1,278 milliard d'euros. À périmètre et taux de change constants, la progression atteint 1,8 %. De fait, l'acquisition en novembre de l'américain Gehl, dont les ventes se sont effondrées de 22 % (330 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2008, soit 257 millions d'euros, dont 30 % à l'international), a pesé sur les résultats du français.

Un sacré revers pour l'industriel d'Ancenis (Loire-Atlantique) habitué aux progressions à deux chiffres et qui prévoyait, début 2008, une croissance de 10 % de son chiffre d'affaires consolidé, après une hausse de 11,7 % en 2007. « Nous n'avons jamais connu une variation aussi brutale des marchés », commente Bruno Fille, directeur général du groupe Manitou. « Tous nos marchés, bâtiment, industrie et agriculture, sont concernés et aucune région du monde n'est épargnée. » Même la forte activité à l'international (61 % du chiffre d'affaires, soit 784 millions d'euros) ne suffit plus à rééquilibrer les cycles des marchés.

« hésitation des clients »

En 2008, la « bonne tenue » de la plupart des pays européens, notamment la France (+ 7 % des ventes), et de l'Asie (+ 25 %) a tout juste suffi à compenser la chute brutale des marchés espagnol (? 75 %) et anglais (? 30 %) qui représentaient, en 2007, 20 % du chiffre d'affaires consolidé. En revanche, l'étendue de la crise n'augure rien de bon pour l'exercice 2009, qui devrait pour la première fois être à la baisse. « Compte tenu du recul de 75 % des prises de commandes ces dernières semaines, nous prévoyons un retrait significatif du chiffre d'affaires au premier trimestre, annonce Bruno Fille. De l'utilisateur au concessionnaire, tous nos clients hésitent à s'engager sur des programmes d'investissements ».

Dans ces conditions, une réduction des capacités de production et de la masse salariale s'avère inévitable. Déjà, les 400 intérimaires ont quitté l'entreprise depuis l'été dernier et des mesures de chômage partiel ont été engagées en fin d'année. Les quatre usines de l'Ouest ont cessé toute activité entre le 5 décembre et le 12 janvier, ainsi que cette semaine, et vont tourner au ralenti jusqu'à fin février, soit trois jours par semaine. Un plan de départs volontaires devant être effectif dès le mois de mai est proposé à 1.710 salariés dans le cadre d'un accord de méthode, mais les syndicats y sont opposés. « La direction n'a pas fixé d'objectif chiffré et justifie cette mesure par des difficultés économiques, explique Frédéric Dixneuf, délégué FO, syndicat majoritaire, mais une baisse d'activité ne suffit pas à justifier des difficultés économiques. »

Jérôme Tertrais, le directeur des ressources humaines du groupe, reste ferme : « Si ce plan n'est pas signé d'ici à la fin de la semaine prochaine, nous serons contraints d'engager un plan social ». Il fixe le seuil de réussite du plan à 200 départs volontaires sur le site de la maison mère, à Ancenis. Mais, avec le durcissement de la conjoncture, cette mesure pourrait s'avérer insuffisante. n

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