YES ne jettera pas l'ancre au Salon nautique

La société marseillaise, spécialisée dans la plaisance, n'a pas survécu à la crise, victime de reports de commandes et d'une trésorerie défaillante.

Cette année, Charles Nissard, dirigeant de Yachting Estaque Services (YES) à Marseille, ne participe pas au Salon nautique qui se tient jusqu'au 14 décembre à Paris. Il vient de déposer le bilan auprès du tribunal de commerce de Marseille qui l'a liquidée. Créée en 2007 avec un investisseur privé, YES fabriquait des annexes de yachts appelées Tender ? un marché de niche d'une cinquantaine d'exemplaires par an dans le monde ?, ainsi que des unités d'intervention pour la Marine nationale ou les Douanes.

trésorerie insuffisante

Sur son premier exercice, elle avait engrangé 1,1 million d'euros de chiffre d'affaires. Employant une dizaine de salariés, elle tablait cette année sur 1,8 million. Mais une conjonction d'événements a conduit Charles Nissard à jeter l'éponge. Alors qu'il s'apprêtait à nouer un accord avec un nouveau partenaire pour assurer la croissance de YES, ce dernier, refroidi par les incertitudes de la crise, a reculé. Dans l'attente d'une réponse des Douanes dont il espérait fortement une commande de deux bateaux en 2009, le dirigeant s'est alors tourné vers les banques. Mais pour accéder à sa demande, elles lui ont réclamé une caution sur ses biens personnels, ce qu'il a refusé pour préserver sa famille. Le gérant s'est ensuite adressé à Oséo, puisque l'État renforce ses moyens pour aider les PME à supporter la crise. Mais la banque publique s'est dite noyée sous les sollicitations et a jugé la trésorerie de YES inférieure aux critères exigés. « J'ai préféré lâcher l'affaire », confie amèrement Charles Nissard.

En juillet pourtant, YES voyait son futur avec un relatif optimisme. Elle avait livré un bateau de prestige de 18,50 mètres pour un plaisancier étranger qui aurait pu lui servir durablement de référence. L'équipe y avait mis beaucoup d'énergie. « Il m'a aussi coûté financièrement, admet Charles Nissard. D'une part, j'aurais dû le vendre 120.000 euros plus cher, au vu de l'investissement engagé pour le réaliser. D'autre part, je dois toujours recouvrer 100.000 euros. » Les commandes de Tender justifiaient le positionnement de la socité. « Nous en avions livré un durant l'été en Italie et nous devions en achever cinq autres d'ici à février 2009. »

Conscient que ce marché pouvait s'avérer fluctuant, il comptait sur les commandes publiques, mais leur confirmation a tardé? Délégué Sud-Est de Total Développement Régional, qui avait consenti à Charles Nissard un prêt personnel pour qu'il conserve le contrôle capitalistique de sa société, Fabrice Valério s'avoue surpris par cette triste issue?: « Le dirigeant avait pris beaucoup de précautions pour doter YES au démarrage de fonds propres conséquents. Plutôt rare chez des créateurs, cette démarche prudente nous semblait pouvoir le préserver des menaces. Mais il s'est retrouvé pris dans un étau. » Aujourd'hui, Charles Nissard recherche un emploi. Toujours dans le nautisme. n

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