"Le directeur logistique a changé de profil"

Interview de Philippe Oliva, responsable des solutions supply chain pour IBM GBS et directeur général de MDTVision.

Le rôle du directeur logistique évolue. Quelles vont être ses nouvelles attributions ?

Les nouvelles attributions du directeur logistique ou supply chain manager se rapprochent à la fois d'une responsabilité directe de la direction générale, mais
aussi des actionnaires. Nous observons qu'ils se retrouvent à la croisée des chemins de la vente, des achats et de la production et qu'ils acquièrent donc des
responsabilités directes sur la maîtrise des flux de trésorerie de l'entreprise et des risques relatifs aux modèles de sourcing et d'approvisionnement. Ces
managers participent désormais à la définition et à la mise en place de la stratégie même de l'entreprise. Ils doivent orchestrer et optimiser les réseaux et les flux globaux pour inventer la logistique de demain et porter le risque induit par les composantes opérationnelles du marché mondial et global.

C'est un changement radical de situation...

Oui et tout particulièrement d'un point de vue ressources humaines. La gestion des talents change complètement. D'après notre étude, 78 % des
entreprises se préoccupent d'ailleurs de construire les talents de demain pour arriver à gérer ce nouveau métier. On ne va plus forcément voir des supply chain managers issus des achats ou du contrôle qualité, mais plutôt du business. Tout va aller très vite, parce que le marché contraint les entreprises à évoluer vite et que le poste devient un élément clé de la maîtrise du cash-flow, de la profitabilité et de la capacité à être industriellement efficient. Je pense que nous allons voir arriver ces nouveaux profils dès 2010. Et pourtant, toutes les entreprises ne sont pas prêtes à ces changements et nous avons beaucoup de demandes formulées en ce qui concerne la capacité d'accompagnement de ces nouveaux managers et leur intégration dans le processus décisionnel de l'exécutif. Ils se sentent parfois seuls, sans l'ensemble des outils décisionnels leur assurant une qualification optimale des risques financiers et industriels, qui peuvent être extrêmement importants.

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