Fabrice Coquio : "des raisons davantage financières qu'écologiques"

Interview de Fabrice Coquio, directeur général d'Interxion en France

Vous êtes un opérateur de centres de données majeur en Europe. Voyez-vous le marché du Green Cloud Computing décoller ?

N'exagérons rien. Selon IDC, le Cloud Computing [l'informatique dans les nuages] pesait 4 % de la dépense informatique mondiale, à savoir 366 milliards de dollars, fin 2008. Soit près de 14 milliards de dollars. Sa part devrait plus que doubler, à 9 % d'un marché informatique total de 452 milliards de dollars. Soit environ 40 milliards de dollars. Certes, le taux de progression est impressionnant. Mais la taille du marché reste relativement petite. En revanche, gestion de la puissance électrique, implantation des centres de données sur des noeuds télécoms majeurs, logiciels de virtualisation, modèles économiques de commercialisation des logiciels à la demande sur Internet... les technologies du Green Cloud Computing sont mûres.

La crise économique peut-elle constituer un accélérateur ?

Certainement, mais pour des raisons écologiques. Les entreprises, à commencer par les grands groupes, vont chercher avant tout à externaliser une part croissante de leurs infrastructures informatiques afin de payer moins cher et de faire face, d'une manière plus confortable, à des pics de la demande en ressources informatiques. Car celle-ci explose. Et, avec elle, la demande électrique. Les data centers [centres de données] modernes fournissent une puissance électrique de 5 kW/m2. C'est énorme. Pour s'en faire un idée, il faut savoir qu'un de nos centres, situé à côté du Stade de France, consomme 32 MW électriques pour une surface utile 4.200 m2 de serveurs - alors que le bâtiment se déploie sur 16.000 m2 au total. Soit la consommation électrique d'une ville de 25.000 habitants ! Nous ne sommes pas les plus gros. Google aurait des centres avec 16.000 m2 de surface utile pour les serveurs... Tout le monde va chercher à réduire le coût du poste énergétique, davantage pour des raison financières qu'écologiques.

Ne peut-on rien faire contre cette inflation de la demande électrique ?

Ce n'est pas la tendance. Je suis sûr que demain, on nous demandera une puissance nécessaire de 10 kW/m2. Face à cela, il faudrait renouveler le parc des vieux data centers qui sont trop polluants. Mais, à côté de cela, les utilisateurs d'informatique pourraient également prendre conscience que leur consommation génère de la pollution. Pas seulement lorsque leur PC reste allumé. Mais également lorsqu'ils laissent ouvertes quinze cessions de Facebook ou de Google ! De même que l'on a appris à éteindre la lumière en sortant d'une pièce, il faudra apprendre économiser ses données numériques pour protéger l'environnement.

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