L'Europe échoue à s'entendre sur l'arrêt du financement des énergies fossiles

Par Jérôme Marin  |   |  472  mots
Depuis 2013, la BEI a investi plus de 13 milliards d'euros dans les énergies fossiles, principalement dans des projets de transport et d'extraction de gaz. (Crédits : Reuters)
L'Allemagne s'oppose aux projets de la Banque européenne d'investissement, réclamant que les projets gaziers soient exclus de cette mesure.

Simple contre-temps ou véritable coup d'arrêt aux ambitions vertes de la banque européenne d'investissement (BEI) ? Réuni mardi à Luxembourg, le conseil d'administration de l'établissement n'a pas trouvé d'accord sur l'arrêt des financements des énergies fossiles d'ici à la fin 2020. Une mesure notamment rejetée par l'Allemagne, qui réclame donc des ajustements.

Depuis 2013, la BEI a investi plus de 13 milliards d'euros dans les énergies fossiles, quasi-intégralement dans des projets de transport et d'extraction de gaz. Berlin, premier actionnaire de l'institut, demande que les projets gaziers soient exclus de la future interdiction. D'autres pays, dont la Pologne et l'Italie, défendent la même position, alors que la Commission européenne a également exprimé ses doutes.

Malgré ce premier échec, les dirigeants de la BEI restent optimistes. "Nous aurions peut-être besoin d'un peu plus de temps", avait d'ailleurs prévenu Ambroise Fayolle, le vice-président français de l'établissement. Une prochaine réunion du conseil d'administration est prévu le 14 novembre pour se prononcer sur la nouvelle politique d'investissements de la banque.

1.000 milliards d'euros d'investissements verts en dix ans

Au-delà de l'arrêt des financements des énergies fossiles, la BEI souhaite en effet lancer une vaste politique de soutien aux projets de lutte contre le changement climatique. La banque espère se fixer un objectif ambitieux: 1.000 milliards d'euros d'investissements pour la période 2020-2030. "L'urgence climatique est reconnue", justifie Ambroise Fayolle, le vice-président français de l'établissement.

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Pour atteindre cet objectif, la BEI propose que la moitié de ses investissements soient dirigés vers des projets liés au changement climatique et à l'environnement durable d'ici à 2025. L'an passé, cette proportion était légèrement inférieure à 30%, alors que les statuts de la banque fixent un minimum de 25%.

Le bailleur de fonds de l'Union, basé au Luxembourg, investira lui-même environ 30 milliards d'euros par an dans la transition écologique, contre 17 milliards en 2018. La différence, environ 70 milliards par an, doit être apportée par d'autres investisseurs, publics ou privés.

Depuis l'entrée en vigueur du plan Juncker en 2015, la BEI finance des projets plus petits mais aussi plus risqués, afin de compenser les défaillances du marché des capitaux en Europe. Or, souligne Ambroise Fayolle, celles-ci sont "encore plus importantes pour les projets liés à la transition écologique; notamment dans les nouveaux États membres".

Le rôle de la BEI est donc encore plus primordial pour leur réalisation. "Notre but n'est pas de maximiser les profits mais de soutenir les projets qui auront le plus d'impact", rappelle son vice-président. L'institution envisage même de faire un effort supplémentaire: apporter jusqu'à 75% des financements de certains projets, alors qu'elle ne souhaite généralement pas dépasser la barre des 50%.