Le gaspillage augmente, l'économie circulaire recule

Par Giulietta Gamberini  |   |  614  mots
L'extraction de matières premières notamment ne cesse de croître. (Crédits : Reuters)
En 2017, les ressources consommées par l'économie mondiale ont encore grimpé, dénonce l'ONG Circle Economy dans un rapport présenté à Davos. Leur taux de réutilisation a en revanche reculé.

L'économie mondiale est de plus en plus gourmande en ressources, mais de moins en moins circulaire. Le 21 janvier, au Forum économique mondial de Davos, l'ONG Circle Economy a lancé le cri d'alarme. En 2017, 100,6 milliards de tonnes de minéraux, combustibles fossiles, métaux et biomasse ont été utilisés. Mais seulement 8,6% ont été réutilisés, détaille la troisième édition du rapport annuel de l'organisation, le "Circular Gap report". En 2015, cette proportion s'élevait à 9,1%.

L'extraction de matières a plus que triplé depuis 1970

Ce recul est surtout dû à l'extraction de matières premières, qui ne cesse de croître. Entre 1970 et 2017, elle a plus que triplé, progressant de 26,7 à 92 milliards de tonnes. Depuis 2015, elle a augmenté de 9%. Or, la réutilisation de ces ressources n'augmente pas aussi vite: entre 2015 et 2017, elle n'a crû que de 3%, en passant de 8,4 à 8,65 milliards de tonnes.

La majorité (52,6 milliards de tonnes) des matériaux consommés annuellement au monde sont en effet utilisés pour des produits (énergie ou biens de consommation) qui atteignent leur fin de vie en une année, note le rapport. 42% sont ensuite dispersées dans la nature, 28% sont rejetées sous forme de gaz à effet de serre et 30% deviennent des déchets. 48 milliards de tonnes de matériaux sont en outre stockées sous la forme de bâtiments, infrastructures et biens d'équipement: de plus en plus chaque année, en raison de l'augmentation de la population mondiale.

Des stratégies nationales dans treize pays européens

Certes, le rapport souligne aussi quelques progrès à travers le monde. Treize pays européens (l'Allemagne, le Belgique, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, l'Italie, le Luxembourg, la Pologne, le Portugal, la Slovénie et les Pays-Bas) ont déjà élaboré au niveau national des feuilles de route visant à rendre leurs économies plus circulaires. En Amérique latine, la Colombie a fait de même. La Chine a restreint ses importations de déchets, afin d'encourager le recyclage domestique: une décision qui a aussi poussé des pays auparavant exportateurs à revoir leurs propres stratégies.

Mais globalement,"ce rapport montre qu'aucun pays ne répond aux besoins fondamentaux de ses citoyens tout en opérant dans les limites physiques de notre planète", résume son auteur principal, Marc de Wit.

Des mesures adaptées au contexte du pays

Cependant, les Etats peuvent jouer un rôle clé afin d'inverser la tendance, estime Circle Economy, qui leur propose notamment diverses stratégies en fonction du niveau de vie de leur population et de leur empreinte écologique. Dans les pays en voie de développement, l'ONG invite ainsi par exemple à concevoir de manière circulaire la construction des bâtiments et des infrastructures et à renforcer l'économie informelle (qui gère déjà une grande partie des déchets). Dans les pays émergents, elle incite à soutenir l'émergence de nouveaux modèles économiques fondés sur le partage, l'échange, le réemploi, le recyclage, ainsi que les énergies renouvelables. L'ONG appelle enfin les pays développés à mettre l'accent sur l'éco-conception des produits et à mieux gérer leur fin de vie.

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De telles mesures peuvent avoir des bénéfices multiples, promet l'association aux leaders réunis à Davos. Non seulement aider ces pays à atteindre leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et à éviter la déforestation, mais aussi à "rendre leurs économies plus compétitives", ainsi qu'à "améliorer les conditions de vie" de leurs habitants.

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