Paris 2024 : le pari écologique du village olympique

Par César Armand  |   |  651  mots
De gauche à droite : le directeur général de la société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) Nicolas Ferrand, le Premier ministre Edouard Philippe, le président de Plaine Commune Patrick Braouezec, le député Eric Coquerel, le président de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel, le ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie et le délégué interministériel aux JO Jean Castex qui regarde vers la gauche. En arrière-plan : la tour Pleyel. (Crédits : C.A.)
Ce lundi 4 novembre, le Premier ministre a donné le coup d'envoi de la construction de la structure qui accueillera, en 2024, plus de 15.000 athlètes. Dès 2025, le village olympique sera transformé en logements et bureaux pour 6.000 habitants et 6.000 salariés. "On prend l'engagement de construire avec 40% de carbone en moins", promet à La Tribune Antoine du Souich, le directeur de la stratégie et de l'innovation de la société de livraison des ouvrages olympiques, Solideo.

Et de deux déplacements dans le même département en moins d'une semaine ! Après avoir présenté "l'État fort en Seine-Saint-Denis" jeudi dernier, le Premier ministre est revenu dans le 93 ce lundi 4 novembre "donner le coup d'envoi" du chantier du village olympique et paralympique.

En compagnie de quelques membres de son gouvernement et d'élus locaux, Edouard Philippe y a vanté "l'attention portée sur la transition écologique et la qualité de vie". "L'avenir de nos villes, c'est de se reconstruire et de se repenser sur la ville", a-t-il ajouté.

Devant la maquette, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a, elle aussi, promis de "faire la démonstration de Jeux durables avec des infrastructures totalement alignées sur les objectifs des accords de Paris". Même discours du côté de Nicolas Ferrand, directeur général de la société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), chargée de la réalisation du projet : "Ce sera le plus grand exemple européen de réversibilité. On peut construire des bâtiments qui ont plusieurs vies", assure-t-il.

Objectif : accueillir 6.000 habitants et 6.000 salariés d'ici 2025

Car après avoir hébergé plus de 15.000 athlètes entre fin juillet et début septembre 2024, les chambres seront transformées, principalement, en logements, gymnases, écoles, crèches et bureaux. Au total, ce quartier comptera, en 2025, 6.000 habitants et 6.000 salariés au pied de la gare Saint-Denis Pleyel, futur hub des lignes 14, 15, 16 et 17 du Grand Paris Express. Et se trouvant à proximité de l'actuelle station de la ligne 13 Carrefour Pleyel.

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En attendant, ces 51 hectares de terrains, situés à la frontière de l'Île-Saint-Denis, de Saint-Denis et de Saint-Ouen, doivent être "préparés" pour 2020, c'est-à-dire débarrassés de leurs vieilles installations et prêts à accueillir les fondations. Ce matin, sous les applaudissements des officiels, une pelleteuse a déjà commencé à détruire un hangar. De 2021 à 2023, suivront les travaux de construction et d'aménagement.

Une ville "résiliente" face au réchauffement climatique

Encore faudra-t-il déposer les permis de construire au premier trimestre 2020. Le site appartient à plusieurs propriétaires et est divisé en quatre secteurs: un secteur "Universeine" au cœur d'un partenariat entre Vinci et la Solideo, un secteur sur l'Île-Saint-Denis commercialisé par la société d'économie mixte (SEM) Plaine commune aménagement et deux secteurs à Saint-Ouen. Les finalistes de ces deux derniers sont connus mais le choix définitif n'interviendra que fin novembre.

"On prend l'engagement de construire avec 40% de carbone en moins", promet à La Tribune le directeur de la stratégie et de l'innovation de la Solideo, Antoine du Souich. "Nous travaillons sur les matériaux et le réemploi. Tout le monde du bâtiment est en émoi, toutes les filières sont en tension pour suivre, mais la ville doit devenir résiliente face au réchauffement climatique et aux événements exceptionnels."

Aller vers la neutralité carbone d'ici à 2050

La transition écologique passera aussi par la mobilisation de 55 millions d'euros du plan d'investissement d'avenir (PIA) pour un appel à projet "Démonstrateur de solutions propres pour la production d'énergie hors réseau" et un concours d'innovation pour "développer des solutions novatrices sur le thème de la ville en transition". Ce dispositif est complété par une charte de 15 engagements éco-responsables pour les événements sportifs, en matière de transport, de restauration, d'achat ou de gestion des déchets.

Plus généralement, la société de livraison des ouvrages olympiques rêve de faire de ce morceau de ville "un réceptacle de la biodiversité", "un chaînon de la nature", ne serait-ce qu'avec la terre des toits-terrasses et le "corridor écologique" de la Seine. De la même manière, elle envisage de "donner la capacité aux gens d'aller eux-mêmes vers la neutralité carbone d'ici à 2050". Vastes chantiers en perspective...