Performance environnementale : Spie sceptique sur les critères européens

Par César Armand  |   |  540  mots
Gauthier Louette, président-directeur général de Spie (Crédits : SPIE)
Le leader européen des services d'ingénierie électrique l'assure: 35% de sa production en 2019 est conforme aux injonctions bruxelloises.

Spie, qui se présente comme "le leader européen indépendant des services multi-techniques dans les domaines de l'énergie et des communications", est très fier d'appliquer la taxonomie européenne sur les activités durables. En d'autres termes, il s'agit de montrer aux marchés financiers le caractère environnemental de ses activités. "Nous avons mené un gros travail pour mesurer notre contribution à la lutte contre le réchauffement climatique", a expliqué ce 11 mars le Pdg Gauthier Louette lors de la présentation des résultats annuels.

30% d'économies d'énergie ou rien

La rénovation technique des bâtiments doit, par exemple, permettre de réaliser au moins 30% d'économies d'énergie. A contrario, changer des stores manuels par des volets roulants automatiques pour améliorer l'isolation permet certes d'économiser 10% d'énergies, mais le pourcentage étant trop faible, cela ne rentre pas en ligne de compte. 

Autre critère: la distribution d'électricité et l'intégration de sources d'énergie renouvelable. Installer une ligne électrique en Allemagne entre dans la taxinomie, mais pas en Pologne "car l'électricité est très charbonnée". Troisième, quatrième et cinquième catégories: les équipements dédiés à l'éco-mobilité, type bornes de recharge pour véhicules électriques ou infrastructures de transport public bas-carbone, les stations d'énergie renouvelable (éoliennes, photovoltaïque, méthanisation) ainsi que le remplacement de lampes d'éclairage public par des LED.

Le pétrole pèse pour 4% des activités

Fort d'une certification réalisée par PwC, Spie l'assure: 35% de sa production en 2019 est conforme à ces injonctions. "Ce référentiel sert à rendre tangible notre contribution en évitant le greenwashing", a déclaré Gauthier Louette. Sur les 65% restants, ses activités liées au nucléaire et au pétrole pèsent, chacune, 4%, soit 8% du total. "La pétrochimie n'est pas particulièrement verte, mais on peut aider nos clients à améliorer leurs process", a ajouté le Pdg.

A la question de La Tribune sur sa volonté d'aller plus loin en 2020, Gauthier Louette a témoigné de son scepticisme sur cette taxonomie.

"Elle mérite de mesurer quelque chose, mais elle ne rend pas justice à toutes les mesures que l'on prend de près ou de loin pour l'efficacité énergétique et qui sont de l'ordre de 80%", a affirmé le Pdg de Spie. "L'évolution du marché va conduire de plus en plus à des mesures pour lutter contre le réchauffement climatique et cela va continuer à porter ces métiers", a-t-il insisté.

Le nucléaire n'est pas considéré comme une solution

C'est dans cette optique que le leader européen des services d'ingénierie électrique a acquis l'an dernier quatre sociétés: Christof Electrics (automatisation), Telba Group (services numériques), Cimlec Industries (robotique industrielle) et Osmo (génie électrique). "Nous sommes clairement dans cette démarche de transition énergétique très enracinée dans notre stratégie", a poursuivi Gauthier Louette. "Cela permet de cadrer les choses et d'être dans le dur au-delà des apparences."

Le Pdg a enfin regretté que le nucléaire ne soit pas "considéré" comme une solution. "Au niveau de l'UE, les pro-nucléaires sont en minorité", a-t-il lâché.