Les SSII indiennes cibles du protectionnisme aux États-Unis

Les autorités américaines, qui soupçonnent Infosys d'avoir violé la loi sur les visas de travail, cherchent à limiter le recours aux SSII indiennes.
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Les temps sont difficiles pour les SSII indiennes aux États-Unis. Très présentes outre-Atlantique, elles sont plus que jamais dans le collimateur des autorités américaines, dans un contexte de recrudescence des tentations protectionnistes. Dernière manifestation en date : l'ouverture par la justice de l'État du Texas d'une procédure à l'encontre d'Infosys, soupçonné d'avoir violé les lois américaines sur les visas. La société informatique aurait utilisé des visas B1, beaucoup plus faciles et moins chers à obtenir que les visas de travail H1-B, destinés aux travailleurs hautement qualifiés. Car ces derniers sont limités à 65.000 par an dans tout le pays et peuvent coûter jusqu'à 3.000 dollars.

Ce nouvel épisode ravive les tensions qui ont éclaté en août 2010 après la décision du Congrès américain de relever le coût de ces visas. Surcoût estimé pour les SSII indiennes : entre 200 et 250 millions de dollars par an. D'une durée maximale de trois ans, ils leur permettent d'envoyer des ingénieurs chez leurs clients aux Etats-Unis. Détachés, ces employés sont alors payés aux conditions de leur pays d'origine. Donc à des salaires nettement inférieurs aux standards américains.

Depuis, l'affaire a pris une tournure politique, s'invitant notamment au programme de la visite de Barack Obama en Inde en novembre 2010. Et le ministre indien du Commerce, Anand Sharma, a d'ores et déjà indiqué qu'il évoquerait à nouveau ce sujet lors d'une prochaine rencontre à Washington avec son homologue américain. Les enjeux sont importants : 60 % du chiffre d'affaires annuel des SSII indiennes sont générés aux États-Unis.

Montée de l'offshore

Le Congrès américain cherche à limiter le recours aux sociétés étrangères alors que de nombreux Américains restent sans emploi. En raison de ses imperfections, ce programme de visa « permet d'accueillir aux États-Unis des salariés étrangers bon marché et sans compétence particulière pour se substituer, et non s'ajouter, aux travailleurs américains », dénonçait ainsi fin mars Ronil Hira, professeur à l'institut de technologie de Rochester, devant un sous-comité de la Chambre des représentants.

Mais « ces attaques permanentes ciblées contre les entreprises indiennes pourraient se révéler à double tranchant », prévient le Conseil économique indo-américain, rappelant que ces groupes investissent plusieurs milliards de dollars par an aux États-Unis, avec à la clé des dizaines de milliers d'emplois. « Ces visas bénéficient également aux entreprises américaines », en leur permettant de réduire leurs coûts, souligne par ailleurs le Nasscom, l'Association des sociétés informatiques indiennes. Les administrations y trouvent aussi leurs comptes dans un contexte budgétaire particulièrement difficile. « S'il devient plus difficile pour les compagnies indiennes de travailler aux États-Unis, nous pourrions alors assister à une montée de l'offshore (délocalisation des services informatiques) », estime de son côté Bhavin Shah, analyste chez Equirus Securities cité dans le « Wall Street Journal ». Une nouvelle étape que les SSII indiennes préparent déjà.

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