Les armateurs britanniques contre le système de réduction d'émissions européen

Ils proposent au contraire un système mondial d'échange de quotas, assorti d'une taxe sur la consommation de carburant.
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La schizophrénie du changement climatique s'empare de la Chamber of Shipping du Royaume-Uni, qui regroupe les armateurs britanniques. D'un côté, elle affiche sa ferme intention de mettre en place des mécanismes obligatoires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au transport maritime. De l'autre, elle explique que si la Commission européenne essaie d'inclure la marine marchande à son système d'échange de quotas d'émissions (Emissions Trading Scheme, ETS), les navires iront se ravitailler dans des ports non européens pour éviter cette taxe.

L'explication ? Pour Mark Brownrigg, directeur général de la UK Chamber of Shipping, la régulation ne peut se faire qu'au niveau mondial. "Le système d'échange de quotas d'émissions européens ne fonctionnera pas pour le transport maritime. Il n'est pas adapté", a-t-il déclaré au Guardian. L'intégration du transport maritime à l'ETS, comme celle du transport aérien qui débutera le 1er janvier 2012, est envisagée depuis le lancement du système en 2005. Les arguments des acteurs maritimes sont les mêmes que ceux de l'aviation. Les compagnies aériennes cherchent à montrer l'illégalité du système, ou à faire pression sur l'Europe en promettant des représailles. Aucune date n'a encore été fixée pour l'intégration du transport maritime.

Dans des documents publiés mercredi, la UK Chamber of Shipping propose à la place un système d'échanges de quotas mondial et une taxe sur la consommation de carburant. Ces mécanismes mondiaux, en plusieurs étapes, n'handicaperaient pas la compétitivité de l'industrie du transport maritime en Europe, mais ne seraient pas en place avant longtemps, même si tous les acteurs se mettaient d'accord.

Le transport maritime international a émis 3,3% des gaz à effets de serre (GES) mondiaux en 2007, et le volume d'émissions pourrait augmenter de 250% d'ici à 2050, selon une étude de l'International Maritime Organization (IMO) en 2009. Comme l'aviation, il n'est pour le moment soumis à aucun accord international limitant la consommation de carburant ou l'émission de GES. Lors du protocole de Kyoto en 1997, la tâche de réduire les émissions du secteur avait été confiée à l'IMO, qui n'a pour le moment fourni presque que des moyens de les mesurer (de la même manière que l'Organisation de l'aviation civile internationale dans l'aviation).

En juillet cependant, le premier accord de régulation des émissions de GES dans le transport maritime a été adopté par l'IMO, à travers des normes techniques imposées aux nouveaux navires à partir de 2013 (avec un délai de six ans pour les pays en développement). Dans la foulée, l'organisation avait déclaré que ces mesures ne suffiraient pas, et qu'elles devraient être accompagnées de mécanismes de marché (échange de quotas ou taxe) pour avoir un impact significatif.

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