Série d'alliances pour un supergrid européen

Plusieurs bonnes fées se sont penchées cette semaine sur le projet de super-réseau électrique ("supergrid") offshore qui raccordera les futurs parcs éoliens prévus en mer du Nord, en mer Baltique, dans la Manche, en mer Celtique et en mer d'Irlande.

D'un côté, dix ministres européens, qui ont renforcé et rendu plus concret l'accord conclu l'an dernier sur ce sujet, de l'autre, sept groupes privés, quelque peu disparates mais aussi complémentaires, spécialistes de la transmission électrique, du développement des parcs éoliens, du financement ou des infrastructures, européens ou non, petits ou moyens.
Les sept groupes alliés sont la société d'ingénierie belge 3E, Alstom Grid (la branche de transmission du français Alstom qui a intégré un morceau d'Areva T&D), le groupe indien CG Power Systems ou plus exactement sa filiale belge, le belge CMI (Cockerill Maintenance et Ingénierie), le développeur belge DEME Blue Energy, le groupement Eurogrid International (holding du belge Elia et du fonds australien Industry Funds Management, qui détient 50Hertz, l'un des quatre gestionnaires des réseaux d'électricité allemands) et enfin le groupe allemand d'infrastructures SAG.
Grand absent évidemment, leur concurrent à tous : le suédois ABB, leader mondial des transmissions électriques, qui déjà raccords des parcs en mer du Nord. L'accord ne comprend pas non plus de fabricants d'éoliennes.
Les sept alliés veulent "rechercher ensemble des opportunités pour développer, exploiter et financer conjointement" des projets ciblés dans ces zones et aussi "offrir des services, des produits et des investissements combinés et communs afin de développer, d'exploiter et d'entretenir l'infrastructure marine nécessaire".

Dix pays poussent derrière
Un accord qui, selon les sept groupes, vise à concrétiser la « North Seas Countries Offshore Grid Initiative », le protocole d'accord signé l'an dernier par les ministres des pays des mers du Nord : Belgique, Danemark, France, Allemagne, Irlande, Luxembourg, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni.
L'accord politique, qui avait été signé dans la foulée du sommet de Copenhague, mais n'avait guère été suivi d'effet, a été complété la semaine dernière par un "Memorandum of Understanding", où cette fois la Norvège s'est jointe, et par lequel les pays participants ont réaffirmé leur objectif de construire ce réseau, avec une date : 2020.
Le MOU prévoit, entre autres, un état des lieux de la faisabilité à rendre d'ici juin 2011. Le projet sera onéreux : selon l'Association européenne de l'éolien ( European Wind Energy Association, EWEA), il pourrait coûter environ 30 milliards d'euros.
Environ 150 gigawatts sont prévus ou en construction actuellement en mer du Nord d'ici 2030 (Voir Repère: les plus grands parcs éoliens offshore en Europe).

Câbles bilatéraux
Plusieurs coopérations bilatérales existent déjà : la Norvège et les Pays-Bas, par exemple, utilisent des câbles à très haute tension pour faire circuler l'électricité éolienne entre les deux pays, selon les besoins.
Egalement, le projet irlando-écossais ISLES (Irish-Scottish Links on Energy Study) prévoit une connexion entre Ecosse, Irlande du Nord et république d'Irlande, grâce à un réseau en mer d'Irlande. Ce projet doit d'ailleurs devenir partie intégrante du futur supergrid nord-européen.
L'EWEA évoque aussi un projet de réseau pan-européen pour 2030, qui pourrait coûter jusqu'à 100 milliards d'euros.

Avec Desertec, un super-supergrid
Le projet européen de super grid en Mer du nord sera peut-être connecté dans l'avenir à l'autre grand projet de réseau électrique transcontinental : Desertec, un projet de liaisons entre un chapelet de centrales solaires en Afrique du Nord et l'Europe, qui réunit de plus en plus de participants. Avec l'espoir, au final, d'un réseau allant des éoliennes de la Mer du Nord jusqu'aux centrales solaires du Sahara, pour alimenter... surtout l'Europe.
Ces grands projets se retrouvent aussi en Amérique du Nord : Google et le puissant fonds Good Energies viennent de miser plusieurs centaines de millions sur un futur projet de réseau sur la côte est des Etats-Unis pour raccorder des parcs offshore américains, qui, pour l'instant, n'existent que sur le papier.

Alstom Grid s'allie à Elia
Par ailleurs le groupe Elia, l'opérateur du réseau belge de distribution d'électricité, et Alstom Grid ont signé un accord de coopération pour 3 ans, pour une "stratégie commune de développement dans le domaine des smart grids, de l'intégration des énergies renouvelables et de la R&D internationale".
Les deux entreprises créeront au cours du mois un comité opérationnel de coopération et une équipe dédiée pour commencer à travailler dès janvier sur des initiatives communes.

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Commentaire 1
à écrit le 14/12/2010 à 16:40
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On comprend pourquoi le prix de l'électricité augmente; au vu de ces chiffres, c'est loin d'être fini!

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