L'Europe veut accélérer la réduction de ses émissions de CO2

À long terme, le passage de 20 à 25 % de réduction des émissions en 2020 sera source de gains économiques.
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Compromis boiteux pour les écologistes mais véritable avancée pour la Commissaire au climat Connie Hedegaard... La Commission européenne a publié mardi 8 mars une feuille de route visant au moins 80 % de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 1990 et 2050 2050. Le texte prévoit de porter - après adoption - de 20 à 25 % le seuil intermédiaire de réduction en 2020. La baisse des émissions due à la crise économique et la hausse récente du prix de l'énergie constitueraient autant d'opportunités « pour accélérer la phase de transition et à un moindre coût vers une économie décarbonée ».

Ce rehaussement de seuil à l'horizon 2020, fruit d'une délicate négociation entre les défenseurs de l'industrie européenne (représentés notamment par le commissaire à l'Énergie Günther Oettinger, opposé à un cavalier seul de l'Europe sur le sujet) et les proclimat, n'est pas fortuit. Il repose notamment sur un coût estimé de la transition en baisse d'un tiers entre 2008 (70 milliards d'euros par an) et aujourd'hui (48 milliards selon la calculette de la commissaire au Climat). Le mérite en reviendrait essentiellement à la crise qui a réduit le volume des émissions et le prix de la tonne de carbone, et aux résultats des politiques d'efficacité énergétique. De quoi inciter l'Europe à pousser les feux sur le sujet, sans attendre l'engagement des autres grandes nations industrielles, Chine et États-Unis en tête.

Ce nouvel objectif de réduction des émissions de GES est d'autant plus net qu'il porte « exclusivement sur les émissions domestiques » observe Emmanuel Guérin, directeur de programme Climat à l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri) et coauteur d'une étude consacrée à l'impact sur l'économie européenne d'un rehaussement du seuil de réduction des GES à 30 % en 2020 à paraître en mai. « Cet objectif de 25 % exclut le recours aux mécanismes de flexibilité qui permettent aux industriels d'acheter des crédits carbone pour respecter leurs quotas. En prenant ces mécanismes en compte, l'objectif européen actuel de 20 % se traduit par une transformation domestique de 15 % seulement ».

Contre-productif

Selon cette étude qui tombe à pic, les gains économiques d'une transition plus rapide feraient plus que compenser à long terme les coûts générés à court terme par un rehaussement du seuil de réduction. En revanche, un statu quo serait contre-productif, les mesures prévues au titre du paquet énergie-climat se révélant insuffisantes pour atteindre l'objectif fixé pour 2050. L'enjeu est aussi de stimuler les investissements européens dans les technologies bas carbone au moment où la Chine annonce qu'elle va y consacrer d'énormes ressources dans le cadre de son douzième plan quinquennal.

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