Poussé par la crise, le management des risques s'étend dans l'entreprise

Le marché des grands risques d'entreprises devrait sortir durablement transformé de cette période de crise. Les 1.635 participants ? un record ?, aux 17es rencontres annuelles de l'Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise (Amrae) qui se sont tenues la semaine dernière à Strasbourg, s'accordaient à dire, comme John Keogh, le directeur général de la compagnie américaine Ace Overseas General, « nous ne pouvons plus faire des affaires comme avant ». Allusion aux prix, en baisse régulière depuis quatre ans, surtout en assurances dommages aux biens des entreprises qui ont atteint un point bas. Or, la reprise de la sinistralité en 2008 et la disparition des produits financiers compensant ces résultats techniques en dégradation devraient conduire à un retournement du cycle tarifaire vers la hausse (« La Tribune » du 29 janvier 2009). « Le prix n'est pas l'élément fondamental », estime cependant Gilbert Brat, directeur des risques et assurances du groupe La Poste avant d'ajouter, « un risk manager n'a pas que l'assurance comme corde à son arc. Il est possible de faire des économies sur les programmes d'assurances sans mettre à mal la protection de l'entreprise ». Parmi les solutions, la mise en place de contrats pluriannuels permet d'engager des actions de prévention plus efficaces. L'assureur mutualiste américain FM Global qui compte bon nombre de groupes industriels européens dans ses instances dirigeantes en a fait son fer de lance. « Après quatre visites de sites par nos ingénieurs, nous observons que la gravité des sinistres est divisée par ? 6 », indique Thierry Masurel, directeur souscription et clientèle de FM Global. La réduction de la sinistralité peut être l'occasion de mettre en place des participations bénéficiaires : en l'absence de sinistre en fin de contrat, l'assureur accepte de reverser une partie de la prime à l'entreprise, « on obtient alors mécaniquement une baisse », estime Gilbert Brat. Les risk managers peuvent aussi faire jouer la concurrence. « Nous avons la possibilité de rechercher des solutions avec de nouveaux entrants », remarque Gérard Lancner, président de l'Amrae et par ailleurs risk manager du groupe Yves Rocher. Des assureurs anglais, américains ou australiens ont perçu cette opportunité et manifestent cette année la volonté de se développer en assurance de dommages et de responsabilités sur le marché français comme Ace, Liberty ou Royal Sun Alliance.La complexité croissante des grands groupes dans le contexte de crise modifie le contenu de la fonction de risk manager. « Le contrôle des risques et la place du risk manager étaient déjà un sujet important, il devient majeur pour les entreprises. Les directions générales s'impliquent », observe Stanislas Chapron, président du directoire du courtier Marsh en France. Le rôle du risk manager s'élargit, « de plus en plus de risk managers regroupent sous leur direction l'audit interne, le contrôle des risques et l'assurance, comme dans mon cas », souligne Gérard Lancner de l'Amrae. Pour accompagner ces évolutions du métier, il vient de créer au sein de l'association un « observatoire des risques » et de renforcer le pôle de formation. Séverine Sollierpar????
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