La Mitteleuropa met en péril les banques de l'Ouest

« La crise touche l'Est, la tempête investit l'Ouest. » Il y a quelques jours, les économistes de la banque italienne UniCredit ont involontairement résumé la situation délicate dans laquelle se trouve leur établissement avec le décrochage de la croissance en Europe centrale et de l'Est. La banque dirigée par Alessandro Profumo est en effet présente dans 19 pays de la zone, de la Hongrie au Kazakhstan. Depuis quatre ans, l'internationalisation du groupe bancaire transalpin s'est faite essentiellement vers l'Est : son acquisition en 2005 de la troisième banque allemande, HypoVereinsbank (HVB) était justement principalement motivée par les participations importantes que la banque bavaroise détenait en Europe centrale via sa filiale autrichienne, Bank Austria. UniCredit a ainsi pris le contrôle des premières banques dans plusieurs pays comme la Bulgarie, la Pologne, la Croatie? Les Italiens mettaient en avant la croissance de cette région trois fois plus élevée que sur ses marchés ouest-européens comme l'Italie ou l'Allemagne et le fort potentiel du secteur bancaire à l'Est encore en plein développement. En juin dernier, la banque voulait encore y investir d'ici l'an prochain 500 millions d'euros et y ouvrir 1.300 agences supplémentaires. La crise a ruiné ce plan : UniCredit doit faire face à une contraction de 0,8 du PIB de l'Europe centrale cette année, alors qu'elle tablait sur une croissance dépassant 4 % en 2009 et 2010 !Quant aux pays baltes, leur déconfiture pèse surtout sur les banques suédoises. La tempête financière de l'automne a en effet balayé l'économie de l'Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie. La Lettonie est la plus durement touchée. Elle qui, il y a trois ans à peine, caracolait en tête de l'Union européenne avec un taux de croissance de 12,2 %, devrait voir son PIB se contracter de 10 % cette année ! Car faute d'accès au crédit, le principal moteur économique ? la consommation des ménages ? est au point mort.inflation de plus de 10 %Une consommation notamment nourrie en son temps par les banques suédoises et leur politique de crédits généreuse. Présentes sur place depuis le milieu des années 1990, Nordea, SEB et Swedbank dominent aujourd'hui le marché financier des pays baltes, avec un montant de prêts supérieur à 43 milliards d'euros. Avec une exposition sur la région baltique de 19 milliards d'euros ? soit 17 % du montant total de ses prêts ? Swedbank est l'établissement bancaire le plus en difficulté. « Notre exposition va avant tout se traduire par une hausse de nos pertes sur les crédits », prévient Johannes Rudbeck, directeur des relations investisseurs. Si les banques suédoises, en dépit de leur exposition, affichent malgré tout une relative solidité financière, certains facteurs de risques les incitent à la prudence. L'inflation dans les pays baltes dépasse les 10 %, la grande majorité des prêts y sont libellés en euros et les devises locales, arrimées à la monnaie unique, sont sous la menace d'une dévaluation. Un cocktail explosif.Frank Paul Weber, à Rome et Sébastien Buffet, à Stock-holm.
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