« Creuser le même sillon » (aujourd'hui François Bayrou, leader du Modem) .

les rencontres de ruth elkrief (bfm tv)Installé derrière son grand bureau en verre fumé, François Bayrou arbore un sourire amusé : les hiérarques de l'UMP font feu contre lui : « C'est très bon signe » ; « Cela prouve qu'on appuie là où ça fait mal. » Autrement dit : « La confusion des pouvoirs, la mainmise sur le pays. » Il a été le plus virulent pour dénoncer la nomination de François Pérol à la tête des Caisses d'Épargne-Banque Populaire. « Elle est illégale car tout s'est passé dans son bureau » ; « François Pérol avait participé au montage juridique de Natixis lorsqu'il était à Bercy » et, « last but not least », « il a emporté avec lui le secret de tous ses concurrents, puisqu'ils sont venus lui confier à l'Élysée leur situation réelle pour obtenir l'aide de l'État »? La charge est sans nuance, mais François Bayrou se dresse en défenseur intransigeant des valeurs républicaines, « en résistant opiniâtre » au système Sarkozy, qui veut « mettre en place des réseaux de proches dans tous les lieux de pouvoirs, médias, banques, industries, et pour longtemps ». « Je n'accepterai jamais cela, toute ma vie, je me suis opposé à cela, la confiscation des pouvoirs, la mise en place des clans. » Objectif : taper plus fort que le PS pour apparaître comme le principal opposant ? « Non, rester cohérent, creuser le même sillon » alors que les socialistes sont « divisés et anachroniques ».Mais, François Bayrou, combien de divisions ? objectera-t-on. Dix-neuf pour cent au deuxième tour de la présidentielle, c'est le seul véritable repère, répond-il. Le faible nombre d'élus locaux, ou nationaux, sa défaite personnelle aux municipales de Pau, ses méthodes que certains décrivent comme autocratiques, il balaie toutes les attaques : « J'ai sauvé cette famille politique, le Modem a 50.000 adhérents, et aux européennes, on verra la qualité des têtes de liste qui m'entourent, comme Jean-François Kahn, Corinne Lepage ou Robert Rochefort. » Il est d'ailleurs crédité de 14,5 % des intentions de vote dans un sondage récent. Pourtant, l'échéance qui le mobilise vraiment, c'est la présidentielle car c'est « la seule élection qui change les choses en France ». Mais pas question d'afficher la couleur : « Il y a trop de ?je? dans le monde politique, je ne crois pas que gouverner apporte le bonheur, cette névrose n'est pas pour moi, en revanche, j'assume mon ambition d'un modèle de société humaniste, où les meilleurs se retrouvent pour prendre ensemble les décisions. » « Je pense souvent au profil des dix personnes qu'il faudrait asseoir à la même table en cas de crise extrême. » Le président du Modem se garde pourtant de les citer, on sait seulement qu'il garde de bonnes relations personnelles avec François Fillon, et même qu'il parle régulièrement à des socialistes. Il y a trois semaines, il a rencontré Jacques Chirac, « qui n'était pas mécontent de me voir », confie François Bayrou, l'?il gourmand. L'ancien président, qu'il a pourtant ardemment combattu, « porte en lui ces valeurs républicaines », comprenez que Nicolas Sarkozy a piétiné, d'ailleurs, « beaucoup de chiraquiens ou de gaullistes viennent me voir ». Alors, prêt à repartir dans le maelström de la mère des batailles lorsqu'il voit la dernière polémique sur les photos volées de Ségolène Royal et de son compagnon ? « J'ai la chance d'avoir une famille qui adhère à mes choix », et fort de ses deux précédentes campagnes, il est sûr qu'il « est ce qu'il paraît » et que la presse people n'aura rien à « découvrir » pour faire ses choux gras.
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