« Pourquoi d'autres gouvernements européens ne feraient-ils pas un grand emprunt  ?  »

Ernest-Antoine Seillière, ancien président de Business EuropeQue pensez-vous du grand emprunt proposé par Nicolas Sarkozy pour financer les dépenses d'avenir ?C'est une initiative politique très importante qui va permettre des investissements structurants de long terme avec un retour financier et sociopolitique conséquent. Il y a là quelque chose de très jouable au niveau européen et ce serait passionnant de voir la France dire : « Qui m'aime me suive ! » Pourquoi d'autres gouvernements européens n'agiraient-ils pas de la sorte et pourquoi ne pourrait-on pas construire une vraie politique d'avenir avec une coordination forte de la Commission ? Dans cette initiative française, il y a incontestablement un appel européen.Vous parlez de « coordination forte de la Commission ». Quel bilan tirez-vous du premier mandat de José Manuel Barroso ?C'est un homme qui me semble avoir bien compris non pas ce que l'Europe devait faire mais ce que l'Europe pouvait faire dans des circonstances très difficiles. Il a rendu un grand service à l'Europe en ne cherchant pas à en faire trop dans cette période-là. Je pense que, si on le reconfirme, il aura l'opportunité dans les années qui viennent de faire faire à l'Europe ce pas supplémentaire qui est absolument indispensable. Non seulement pour l'environnement, mais aussi pour la gouvernance de l'eurozone à laquelle on aspire. Et peut-être l'emprunt français sera-t-il un levier pour ce pas en avant. La présidence de la Commission est un métier politique. José Manuel Barroso l'a joué en diplomate plus qu'en leader mais je pense que c'est un homme qui est parfaitement capable d'être plus leader que diplomate si la situation le commande.De quel ?il les entreprises européennes voient-elles l'interventionnisme des pouvoirs publics depuis le début de cette crise ?Au risque de vous surprendre, la question de l'interventionnisme ne me semble pas être un sujet pour les entreprises européennes. On a été extrêmement frappé de voir avec quel consensus, tant du côté intergouvernemental que du côté des entreprises, on traitait la crise. Il n'y a pas eu d'idéologie à fleur de peau, de dénonciation systématique du marché par les forces de gauche. Il n'y a pas eu, du côté des entreprises, un phénomène de rejet de l'intervention gouvernementale, bien au contraire. Le caractère rapide et massif de l'intervention a certainement permis d'éviter le chaos. Le fait que les gouvernements prennent aujourd'hui le leadership n'apparaît pas comme devant créer des réflexes forts du côté des entreprises. Il y a une intelligence commune dans la manière de traiter la crise, qui montre une certaine maturité du modèle européen, du capitalisme européen très appuyé sur des gouvernements qui essayent, parfois par des régulations ou des interventions, de le moduler mais qui n'essayent plus de le combattre.Pour les entreprises européennes, la lutte contre le réchauffement climatique représente-t-elle avant tout des sacrifices ou des opportunités ?Je quitte ma présidence de Business Europe avec une vraie conviction : celle que la lutte contre le réchauffement climatique est une véritable révolution industrielle. Le fait que le président Obama ait fait voter une loi qui n'est pas très éloignée de ce que nous avons nous-mêmes décidé en Europe montre que l'entraînement universel se met en place. On rentre dans l'époque verte de l'humanité. Cela va représenter beaucoup d'opportunités pour nos sociétés, beaucoup de changements, beaucoup d'innovations. Un nouveau pas en avant de la globalisation dont les entreprises vont être le terrain d'action.
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