La réforme réussie de la télévision finlandaise YLE

En Finlande, la télévision publique YLE marque des points auprès du public : sa part d'audience a gagné 2 points à 44 % de 2005 à 2008. La large part consacrée aux magazines d'actualité et aux documentaires la distingue des chaînes commerciales. Ses finances, déficitaires ces dernières années, ont retrouvé l'équilibre en 2008. La réforme en profondeur engagée fin 2005 sous la contrainte économique et mise en ?uvre au 1er janvier 2007 a donc un bilan très positif.Alors que la Finlande avait programmé l'arrêt de la diffusion analogique de la télévision pour 2007, que la pénétration d'Internet dans le pays était forte, les chaînes privées étaient de plus en plus rétives à financer en partie la télévision publique (un système que la France va introduire). Il a été mis fin en 2007 à la contribution annuelle de l'ordre de 50 millions d'euros qu'elles versaient à YLE, en contrepartie de l'usage gratuit de fréquences hertziennes. L'évolution de la redevance, unique autre ressource de YLE, qui ne diffuse pas de publicité, alignée sur le taux d'inflation augmenté de 1 %, ne suffisait pas à compenser cette amputation de près de 15 % du budget de YLE.plan d'économieMikael Jungner, directeur général de YLE depuis 2005, ancien de chez Microsoft, a donc engagé un plan d'économies : arrêt de la chaîne d'information YLE 24 ; réduction de plus de 15 % des effectifs (plus de 600 personnes). Non sans douleur : grève, manifestations, licenciements contestés. Les départs se sont faits ensuite par l'appel au volontariat et le non-remplacement des retraités. D'un groupe formé de structures verticales de chaînes et de radios, l'organisation a été refondue. Trois grands pôles de contenus ont été créés ? information et sports ; programmes culturels, documentaires et fiction ; divertissement et jeunesse ? pour irriguer l'ensemble des réseaux : radio, télévision et Internet. Cette évolution avait impressionné le producteur français Hervé Chabalier (Capa), qui l'avait prise en exemple, au printemps dernier, quand il participait au sein de la commission Copé à la réflexion sur l'évolution de France Télévisions en « média global ».« Nous avons créé en interne notre propre agence d'informations, nous utilisons davantage nos journalistes locaux répartis sur le territoire, et nous produisons en interne deux fois plus d'information qu'avant », se félicite Mikael Jungner. Formations, mise en place de structure, comme cette cellule réunissant 200 cadres pour préparer les programmes et les contenus à l'horizon 2010, ont permis de faire circuler les idées au sein du groupe et d'accompagner le bouleversement culturel exigé du personnel.La réforme se traduira également, en 2010, par l'entrée en vigueur d'un nouveau mode de nomination du directeur général de YLE. Auparavant nommé directement par des conseils issus du Parlement, il sera nommé par le conseil d'administration formé de 7 membres dont 4 réputés politiquement indépendants, eux-mêmes désignés par les conseils administratifs.Reste que la question du financement n'est jamais tout à fait close : une commission parlementaire décidera en avril prochain de l'opportunité, ou non, de maintenir la redevance. « La TV publique doit toujours faire débat. Sinon, c'est que l'on n'en a pas besoin », note avec philosophie Ismo Silvo, directeur de la stratégie et du développement de YLE.
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