Le marché des créances décotées près de s'ouvrir

Face à une crise qui s'aggrave, les créances les plus décotées se transforment en véritables patates chaudes pour les banques fragilisées. Celles-ci sont en effet confrontées à des règles prudentielles qui, pour assurer leur solvabilité, accroissent leurs besoins en fonds propres à mesure que la qualité de leurs créances se dégrade. Un problème particulièrement prégnant pour les établissements qui se sont montrés offensifs ? voire imprudents ? dans leur politique de crédit, aux particuliers (habitat, consommation) ou aux entreprises (financement de projet, LBO, etc.). « Sauf à pouvoir renforcer leurs capitaux propres, la meilleure solution pour les banques consiste à se délester des actifs les plus dégradés en vue de faire des pertes? aussi limitées que possible », explique David Lacaze, avocat chez Paul Hastings à Paris. Car « les créances décotées peuvent intéresser certains investisseurs, surtout si les actifs financés offrent une perspective de retournement ». Notamment des fonds d'investissement spécialisés comme l'américain Pimco.Reste à s'accorder sur le prix. Même s'ils disposent de capitaux, ces investisseurs ne peuvent rentabiliser de telles opérations sans l'effet de levier de l'endettement. Sauf bien sûr à étrangler les banquiers en leur reprenant leurs créances à 20 % de leur valeur faciale. La solution pour les banques consiste alors à offrir un crédit vendeur à plus longue échéance, avec une marge d'intérêt supérieure. Ce qui leur permet de doper leur rentabilité, mais aussi leur solvabilité en se délestant d'une partie du risque sur un investisseur extérieur. « Du moins tant que celui-ci est solvable », avertit un banquier spécialisé.statu quo intenableEn meilleure forme que la plupart de leurs concurrentes, les banques françaises se font discrètes sur le sujet pour ne pas donner l'impression qu'elles sont dans le besoin. Mais « le statu quo ne sera pas tenable bien longtemps », estime un avocat d'affaires parisien, qui souligne que, lorsque le marché des créances décotées s'ouvrira, « les premiers seront les mieux servis », car l'afflux de vendeurs sur le marché fera baisser les prix. Et cela pourrait être pour bientôt, puisque des créances de Lehman Brothers, Credit Suisse ou encore Citibank ont récemment changé de mains avec une forte décote.Obnubilées, ces derniers mois, par la crise de liquidité puis par l'arrêté des comptes, les banques commencent à se pencher sérieusement sur la question. Sans compter qu'il va leur falloir occuper leurs équipes de financement, dont beaucoup tournent au ralenti. L'année 2009 devrait donc être celle de la restructuration des bilans bancaires. n afpLes banques françaises se font discrètes sur le sujet pour ne pas donner l'impression qu'elles sont dans le besoin.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.