Jean-Pierre del Fondo est membre du bureau national de la CDAF (Compagnie des dirigeants et acheteurs de France).Pourquoi est-il devenu essentiel de sécuriser ses achats ?Les entreprises de moins de 100 personnes n'ont pas souvent d'organisation d'achats structurée ou focalisée sur la partie approvisionnements. Or les donneurs d'ordres du secteur privé et public imposent désormais des pénalités financières en cas de non-respect des engagements contractuels. Certains délèguent à leurs fournisseurs la mise en place des outils pour suivre la qualité de service et de livraison. Par effet de domino, leurs prestataires vont être eux aussi amenés à mieux regarder leurs sources d'approvisionnements, y compris des fournisseurs étrangers qui seront plus à même à répondre aux contraintes de délais, de qualité et de coûts.À quelles difficultés les acheteurs sont-ils confrontés à l'étranger ?Les grands donneurs d'ordres de l'aéronautique, de l'automobile ou du ferroviaire, par exemple, demandent à leurs fournisseurs de les accompagner à l'international et d'aligner leurs achats sur leur stratégie. Ces donneurs d'ordres sont souvent sensibles à l'effet dollar. Dans ce contexte, ces PME sont appelées à s'approvisionner en zone dollar afin de diminuer les risques de taux de change de leurs donneurs d'ordres? Or elles sont déjà confrontées à une autre difficulté : celle de la trésorerie. Les organismes bancaires et d'assurances fournisseurs ont abaissé les lignes d'en-cours de manière significative ces derniers mois. Ce qui se traduit par un double impact. D'abord, le risque fournisseur, supporté et financé par la PME, augmente. Ensuite, elle se sent obligée d'aller vers des fournisseurs plus importants en taille. Ce qui restreint l'accès à l'innovation proposée par des PME « mal » notées. C'est dommage car c'est par l'innovation que les entreprises vont répondre à la pression sur les prix exercés par les donneurs d'ordres.Comment les PME peuvent-elles sécuriser leurs achats à l'étranger ?La sécurisation des achats à l'étranger pour une PME passe surtout par la professionnalisation des acheteurs. Elle passe aussi par l'utilisation de groupements ou bureaux d'achats locaux pour la connaissance, le suivi des fournisseurs et le suivi local de la qualité avant expédition. Mais elle passe surtout par la prise de conscience des directions générales de l'impact stratégique des achats. Au-delà, il y a des outils techniques (Incoterm, banques, Coface, etc.) qui sont du registre opérationnel. Propos recueillis par E. K. « Professionnaliser les acheteurs »

latribune.fr

18 Mai 2009, 1:38

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