Les trois obstacles à la mobilité professionnelle en EuropeL...

Les trois obstacles à la mobilité professionnelle en EuropeLes Européens s'installent peu dans les autres pays de l'Union. En cause, des dispositifs d'insertion complexes, des contraintes matérielles lourdes et des freins psychologiques considérables.En dépit des déclarations d'intention, la mobilité professionnelle en Europe reste au point mort. C'est un rapport du Parlement européen qui l'affirme. Malgré le plébiscite des entreprises, seuls 2 % des citoyens de l'Union européenne vivent et travaillent dans un autre État européen que le leur. La proportion reste la même depuis trente ans. Obstacle de la langue ? Pas seulement.1 Les dispositifs sont trop complexes, alors qu'en théorie la situation est simple. Grâce à la liberté totale de travail et de circulation, un simple enregistrement auprès des autorités du pays d'accueil peut être demandé au citoyen de l'Union qui émigre dans un autre pays européen. Dans les faits, l'absence de coordination des régimes de sécurité sociale oblige le salarié à accomplir les démarches auprès des différentes caisses, afin de vérifier ses droits. Ceux-ci peuvent se révéler très variables en fonction de son propre statut ? s'il travaille en contrat local, en détaché ou en expatrié ? et des différences de prestations sociales entre les pays, comme les soins de santé ou les retraites.Autre complication : l'absence d'un droit du travail européen unique. Un imbroglio décourageant pour le salarié, malgré les initiatives mises en place comme le portail Eures pour améliorer son information. « Des actions visant à simplifier ces démarches administratives sont à l'étude, notamment l'amélioration du transfert des pensions de retraite complémentaires », indique Mathilde Serrault, consultante en affaires publiques européennes. Mais ces initiatives restent très limitées.2 Les contraintes matérielles restent importantes. Financement du logement, frais de déménagement, école pour les enfants grèvent le budget ? et le moral ? du salarié expatrié. Notamment dans les pays au coût de la vie élevé ou touchés par la pénurie de logements, comme le Royaume-Uni. Heureusement, les entreprises prennent de mieux en mieux en compte la nécessité d'accompagner l'installation de leurs salariés expatriés. En 2008, 27 % d'entre elles prenaient en charge le déménagement de leurs employés, contre seulement 19 % en 2005, selon un sondage TNS-Sofres. Quant aux frais de scolarité, elles étaient 31 %, en 2008, à les assumer.3 Les freins psychologiques sont considérables. Le rapport du Parlement européen de décembre 2008 souligne que, au-delà des questions de mentalité ? les Français sont jugés traditionnellement casaniers ?, le risque de se voir coupé de son entourage constitue évidemment un frein important à l'expatriation. Même accompagné de sa famille, partir signifie mettre en jeu un certain équilibre affectif. Une enquête d'ECA International de septembre 2008 a ainsi montré que les questions familiales constituent le facteur le plus souvent évoqué en cas d'échec des expatriations. L'insertion de la famille dans le pays d'accueil, notamment les perspectives d'emploi du conjoint, est également un enjeu majeur. Or, seuls 2 % des entreprises, selon un sondage TNS-Sofres, aident le conjoint du salarié à retrouver un emploi sur place. Bref, l'accompagnement demande à être fortement amélioré.Catherine Quignon
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.