Le Medef crée un comité des sages « light »

Nul ne pourra dire que le Medef et l'Association française des entreprises privées (Afep) n'ont pas répondu à la commande gouvernementale. En pleine polémique sur les rémunérations des dirigeants, François Fillon avait demandé aux deux organisations patronales de constituer d'ici à la fin avril un « comité des sages » chargé de veiller à la modération des rémunérations des mandataires sociaux recourant massivement au chômage partiel ou réalisant des plans sociaux d'ampleur. In extremis, jeudi 30 avril en fin de journée, après des débats internes houleux, le Medef et l'Afep ont annoncé la création de ce comité qui sera présidé par Claude Bébéar, le fondateur du groupe d'assurances Axa.gendarme interne Si la personnalité de Claude Bébéar, qui dispose d'une influence certaine dans le monde patronal français, donne de la crédibilité à la nouvelle instance, celle-ci ne sera dotée que de pouvoirs limités. Selon le communiqué diffusé par le Medef, elle ne pourra être saisie que par les conseils d'administration ou de surveillance, les comités de rémunération et les assemblées générales des sociétés ayant adhéré au code de bonne conduite Afep-Medef. Le comité des sages rendra un avis et « se réserve la possibilité de communiquer sur ses avis s'il estime qu'il n'en a pas été rendu compte de manière appropriée ». En clair, il jouera sur la menace du recours à l'opinion publique pour faire rentrer dans le rang d'éventuels réfractaires.Reste à savoir si ce gendarme interne au patronat convaincra le gouvernement, qui menace depuis plusieurs mois de légiférer pour encadrer la rémunération des mandataires sociaux. Dans le courrier qu'ils ont adressé à Laurence Parisot et Jean-Martin Folz, Christine Lagarde et Brice Hortefeux avaient, en effet, demandé que le comité des sages puisse s'autosaisir et soit composé de « personnalités reconnues et incontestables ». S'il veut trouver un modus vivendi avec l'exécutif, le Medef va donc devoir, dans les prochains jours, préciser la composition et le rôle du comité des sages. Et démontrer que l'autorégulation fonctionne. À moins qu'une nouvelle affaire de stock-options généreuses, de retraites chapeaux ou de parachutes dorés magnanimes ne vienne, une nouvelle fois, mettre à mal tout le bel édifice élaboré par le Medef et l'Afep. A. L.
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