La BCE prête à faire marcher la planche à billets

L'ambiance sera tendue aujourd'hui lors du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne. Le conseil se réunit sur fond d'euro fort ? trop fort pour les industriels de l'Hexagone dès lors qu'il a refranchi le niveau de 1,40 dollar ?, de tension sur les rendements à long terme, de mise en garde exceptionnelle d'Angela Merkel (lire encadré) et de grève des personnels de l'institution ? la première de son histoire. Ce conseil de sages que l'on sait très divisé sur l'opportunité de baisser plus avant le loyer de l'argent et/ou d'adopter de nouvelles mesures non conventionnelles de soutien au marché du crédit. Le ton de la conférence de presse de Jean-Claude Trichet ce jeudi donnera sans doute des éclaircissements sur l'état du débat entre faucons et colombes, mais, à la veille de cette prestation, on dispose déjà de trois quasi-certitudes.D'abord, la BCE devrait maintenir le statu quo sur son taux directeur, abaissé le mois dernier de 1,25 % à 1 %, le plus bas niveau de son histoire, et répéter qu'elle ne considère pas ce seuil comme un plancher absolu, nourrissant de nouvelles anticipations d'assouplissement du loyer de l'argent. Ensuite, la BCE va annoncer les nouvelles prévisions macroéconomiques de ses équipes statistiques, qui conditionneront l'avenir des taux. On peut d'ores et déjà tabler sur une révision en baisse des projections concernant la contraction du PIB, qui devraient passer de ? 2,7 % à ? 4,2 %, celles concernant l'inflation demeurant largement en dessous de sa « zone de confort », balisée par le seuil de tolérance maximale de 2 % en glissement annuel. Enfin, la banque centrale de Francfort qui, contrairement à ses homologues américaine et britannique, s'était contentée jusqu'au mois dernier d'abreuver les banques d'une quantité illimitée de liquidités, va détailler son programme de rachats d'obligations sécurisées (covered bonds) annoncé en mai pour un montant de 60 milliards d'euros. Pour Jean-Louis Mourier et Christian Parisot, les économistes d'Aurel BGC, ce programme pourrait certes être augmenté (ou porter sur l'achat de titres d'un autre type, à l'exclusion des emprunts d'État) dans les mois qui viennent mais il faut d'abord qu'il débute, ne serait-ce que pour évaluer son succès. Car, si la situation financière s'améliore avec notamment une détente du marché monétaire, rien n'assure que les banques recourront à ce nouveau guichet, expliquent-ils. Reste à savoir quelle sera la répartition par pays membres de la zone euro de ce programme, certains pays n'ayant jamais émis d'obligations sécurisées et risquant d'être frustrés de l'avantage donné à leurs aînés. Car le principal émetteur est de loin l'Allemagne avec ses Pfanbriefe qui, pourrait drainer le quart des rachats de titres de la BCE, suivie par l'Espagne et la France, forte de ses obligations foncières.
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