Le grand chantier de la Serbie avant d'adhérer à l'Europe

BalkansAimons la France comme elle nous a aimés », est-il écrit sur le monument à la France érigé au c?ur du parc de l'ancienne citadelle de Belgrade. Crêpée de noir pendant les bombardements de l'Otan en 1999, la statue incarne la relation privilégiée longtemps entretenue entre les Français et les Serbes. Mais, alors que le pays, sorti de ses années noires, veut repartir de l'avant, la France est désormais en retard, derrière la Russie, l'Allemagne, l'Autriche, l'Italie ou même la Chine. Nous ne sommes en effet que le 6e fournisseur et le 11e client de la Serbie, et le 6e investisseur étranger. Bref, « la France n'occupe pas sa place », estime-t-on à Belgrade. Pour renouer les liens, une importante délégation de 35 entreprises (dont Alcatel, Alstom, Bouygues, EADS, Lohr, Suez, Michelin, Veolia, Schneider?) s'est rendue en Serbie mi-juin, à l'initiative de Medef international. La visite a été décidée à la suite de celle à Paris de Boris Tadic, le jeune président démocrate et proeuropéen, qui a rencontré Nicolas Sarkozy le 27 mai. Le chef de l'État devrait se rendre à Belgrade fin 2009 ou début 2010 pour y signer un partenariat stratégique et marquer le soutien de la France à la future candidature de la Serbie à l'Union européenne. Une chose est sûre, l'Europe soutient le processus, qu'elle voit comme un facteur de stabilisation politique des Balkans. L'UE vient ainsi d'accorder une nouvelle aide budgétaire de 100 millions d'euros à la Serbie (plus 85 millions de mesures anticrise en faveur des Balkans occidentaux). Il faut dire que la Serbie est sévèrement touchée. Le pays est en récession, avec un recul du PIB estimé à 2 % par le gouvernement, mais entre 3 % et 6 % par les économistes.horizon politique stable C'est pourtant le bon moment pour investir en Serbie. Pour la première fois depuis la fin de Milosevic, le pays offre un horizon politique stable : le président Tadic a encore quatre ans de mandat et la majorité (proeuropéenne) au Parlement a trois ans devant elle. Certes, les menaces nationalistes sont toujours là, comme le montre le refus des Serbes de renoncer au Kosovo, mais la majorité du pays semble convaincue que l'avenir se trouve désormais dans l'intégration européenne et la diplomatie. L'économie prend le dessus dans un pays qui devient un vaste chantier avec de grands projets d'infrastructures, dont la réalisation du Corridor X, autoroutier et ferroviaire, censé faire de la Serbie un point de passage naturel vers l'Europe du Sud-Est. Elle dispose pour cela de 4 milliards d'euros de financement assurés. Autant de travaux qui intéressent au premier chef les leaders français des travaux publics et des transports. Le pays s'apprête aussi à renouveler la flotte d'avions de la compagnie nationale Jat ? contrat sur lequel Airbus est bien placé ?, à construire le métro de Belgrade et vient de lancer deux appels d'offres pour deux centrales thermiques. Pays le plus peuplé des Balkans, la Serbie estime avoir toutes les cartes en main pour être la Pologne de l'Europe du Sud-Est et espère par son arrimage à l'Europe reconstruire une puissance régionale. Beaucoup d'obstacles demeurent toutefois. Outre la question nationaliste, les oligarques, appelés ici « tycoons », de la période Milosevic, comme le groupe Delta Holding, premier groupe privé serbe, se sont taillé des empires. L'accès aux marchés reste difficile. Le FMI, la Banque mondiale, la Berd et la BEI sont au chevet du pays pour le pousser aux réformes et assurer le succès de sa transition démocratique et pacifique. n la Serbie espère par son arrimage à l'Europe reconstruire une puissance régionale.Bozidar Djelic, Vice-premier ministre chargé de l'intégration européenne
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