À Kiev, la guerre des chefs s'envenime

L'industrie s'effondre, le défaut de paiement menace, la hryvnia dévisse, le FMI hésite à accorder une deuxième ligne de crédit au pays? Mais les deux têtes de l'exécutif ukrainien, le président, Viktor Iouchtchenko, et la Premier ministre, Ioulia Tymochenko, continuent de s'écharper dans la perspective de l'élection présidentielle. Dans cette lutte fratricide entre les deux anciens compagnons de la « révolution orange » tous les coups semblent désormais permis.Les services de sécurité ukrainiens (SBU) ont effectué hier une perquisition au siège de Naftogaz, la société publique ukrainienne des hydrocarbures, à la recherche d'un contrat de fourniture de gaz signé avec Gazprom. Une enquête a en effet été ouverte pour « prise de possession » par un groupe de responsables de Naftogaz de 6,3 milliards de m3 de gaz destinés au transit vers l'Europe, d'une valeur de 870 millions de dollars.« forces de corruption »L'attaque vise clairement Ioulia Tymochenko, signataire le 18 janvier d'un accord avec Gazprom immédiatement dénoncé par le président Viktor Iouchtchenko. De passage à Paris, où elle a rencontré hier Nicolas Sarkozy, Ioulia Tymochenko voit dans cette opération le retour des « forces de corruption ». Elle a obtenu la disparition de RosUkrEnergo, un intermédiaire opaque contrôlé par Gazprom Bank et deux hommes d'affaires ukrainiens. Le joint-venture, qui disposait jusqu'au début de l'année du monopole de la vente de gaz russe en Ukraine, était accusé de financer la classe politique ukrainienne.Jusqu'à l'accord signé le 18 janvier, RosUkrEnergo était propriétaire de 11 milliards de m3 de gaz stockés en Ukraine. Ioulia Tymochenko explique que « Gazprom a réglé ses comptes avec RosUkrEnergo avant de vendre une partie de ce gaz à Naftogaz ». Pour elle, « on essaye de reprendre ce gaz pour le faire revenir dans le giron de RosUkrEnergo ». « Lutter contre la corruption n'est pas facile, surtout lorsqu'elle est soutenue par les échelons les plus hauts du pouvoir », poursuit Ioulia Tymochenko dans une interview accordée hier à trois quotidiens français. Une accusation qui semble viser directement Viktor Iouchtchenko. Le président a fait savoir qu'il soutenait l'action du SBU. La Premier ministre se veut rassurante sur la situation économique. La dette publique, rappelle-t-elle, ne dépasse pas 11 % du PIB, le déficit budgétaire ne devrait pas dépasser 2,9 % en 2009, comme l'exige le FMI, les entreprises publiques remboursent leurs emprunts et aucune banque ukrainienne n'a fait faillite. Elle ne souhaite pas s'exprimer sur sa candidature à l'élection présidentielle. Mais ses intentions ne font guère de doute.Xavier Harel
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