Comment Patrick Boissier a séduit DCNS

Cinq mois après son arrivée, le PDG de DCNS, Patrick Boissier, en dépit du scepticisme des observateurs et en interne, a jusqu'ici fait un sans-faute. Aussi bien vis-à-vis des organisations syndicales que des équipes de DCNS, y compris la direction et le numéro deux, Bernard Planchais, dauphin désigné par l'ex-patron Jean-Marie Poimboeuf. Les deux hommes s'entendent bien, assurent des sources concordantes. « Il a évité jusqu'ici les sujets qui fâchent », analyse un bon observateur du groupe. Pourtant, l'ex-patron des Chantiers de l'Atlantique, arrivé seul chez DCNS, n'avait pas la partie facile quand il a pris la barre du groupe naval, lui qui avait réclamé vainement en 2003 un rapprochement entre les deux groupes avec le soutien du ministre de l'Économie d'alors, Nicolas Sarkozy ? une fusion dont ne voulait absolument pas entendre parler alors la direction de DCNS et la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. Une opération sur laquelle Patrick Boissier serait aujourd'hui « beaucoup moins allant », affirme une source proche du dossier, même si, prudent, le PDG de DCNS n'exclut rien, note-t-on en interne. Il faut dire qu'en octobre 2008, le chef de l'État a relancé la perspective d'une telle alliance.L'État, de son côté, a laissé le temps à Patrick Boissier de prendre la mesure de DCNS et de son outil industriel avant de lui adresser en avril sa lettre de mission, datée de mars. « Il a été surpris par la qualité des installations, indique-t-on de sources concordantes. Il a aussi été surpris par la profondeur, l'ampleur et la rapidité de l'évolution de DCNS, passé en peu de temps d'un statut d'administration à celui d'entreprise normale. » Ce qui ne l'empêche pas, ajoute-t-on en interne, d'évoquer, dans le cadre de son programme Champion Ship, une amélioration des performances économiques et financières de DCNS. Car, selon nos informations, le groupe naval aurait réalisé en 2008 des résultats en baisse, avec un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros pour un résultat net de 131,4 millions. Soit un recul sensible par rapport aux 2,8 milliards d'euros de chiffre d'affaires de 2007 pour 184 millions de bénéfices.plusieurs pistesEt l'État, aiguillonné par Thales (25 % du capital), a placé la barre relativement haut pour DCNS et Patrick Boissier en termes de rentabilité. Signée par la ministre de l'Économie et le ministre de la Défense, la lettre de mission exigerait, selon nos informations, d'atteindre une marge de 7,5 %. En interne, le PDG de DCNS, qui travaille actuellement sur la définition d'un plan stratégique de progrès a déjà lancé des pistes de croissance organique et externe. Il est notamment question de réinternaliser à effectifs constants certaines activités jugées clés pour le groupe et qui jusqu'ici étaient confiées à la sous-traitance. Ce qui ravit les syndicats. « Patrick Boissier veut casser la spirale selon laquelle la réduction des coûts passe forcément par la sous-traitance », explique-t-on dans le groupe. C'est l'une des idées de croissance qu'il défend tout comme celle de réaliser des acquisitions ciblées, fortes en synergies, sur des activités c?urs de métier, voire connexes (nucléaires, services, etc.). Il veut aussi élargir la gamme des services, générateurs de marge. « DCNS est en pleine période de réflexion : avec quel partenaire stratégique, quand, comment pour y arriver ? » La réponse est attendue à l'automne. Tout comme la future organisation de DCNS.
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