La crise frappe le haut de gamme auto

Jusqu'ici préservé, le haut de gamme automobile est gagné par la crise. Volant de record en record, les constructeurs spécialisés allemands regardaient ces dernières années leurs pauvres collègues généralistes non sans condescendance. Mais las. Malgré sa réputation mondiale de qualité et de haute technologie, son implantation sur les marchés émergents et les créneaux porteurs, ainsi que le snobisme ambiant qui favorise ses produits, BMW a dû renoncer hier à ses objectifs pour 2008. « Aucun pronostic sérieux n'est actuellement possible pour le reste de l'année », a reconnu Norbert Reithofer, président du groupe munichois.Le célèbre constructeur à l'hélice bleue et blanche, qui se faisait fort de réaliser de nouvelles ventes historiques cette année (1,5 million l'an passé avec Mini et Rolls Royce), doit notamment réduire sa production de 40.000 unités, en plus des 25.000 déjà programmées. BMW a déjà suspendu sa production dans plusieurs usines entre fin octobre et ce mois-ci.Avec des charges exceptionnelles de 1,3 milliard d'euros, BMW a vu son bénéfice avant impôts plonger de 60 %, à 387 millions d'euros au troisième trimestre. Le résultat net a chuté de 63 %, à 298 millions, pour un chiffre d'affaires en diminution de 8,6 % à 12,6 milliards.suppressions de postesBMW mène d'ailleurs actuellement des négociations avec le comité d'entreprise pour lier davantage les primes des salariés aux résultats du groupe. En clair, la firme d'outre-Rhin veut réduire la participation qui leur est versée cette année. Le constructeur a également affirmé hier qu'il procéderait comme prévu à 8.100 suppressions de postes d'ici à la fin de l'année. Il pourrait aussi réduire encore davantage le nombre d'intérimaires. BMW n'est pas seul touché. Son compatriote et principal concurrent Daimler avait déjà abaissé ses prévisions, fin octobre, et lancé un avertissement sur résultats. Le groupe de Stuttgart doit d'ailleurs effectuer des suspensions de production sur ses sites allemands. Son chiffre d'affaires a reculé de 7 % au troisième trimestre, à 23,8 milliards d'euros, et son bénéfice d'exploitation s'est effondré de 66 %, à 648 millions. Porsche est aussi frappé. Ses usines resteront fermées du 22 décembre au 9 janvier prochains. Le spécialiste des voitures de sport, dont l'exercice fiscal décalé va du 1er août au 31 juillet, a aussi prévenu que l'année 2009 serait plus difficile. Même pronostic pour Volkswagen, propriétaire de la marque haut de gamme Audi.Les marques allemandes de luxe affrontent tout d'abord le fléchissement de leur marché intérieur, encore crucial pour leurs ventes. Les immatriculations de voitures neuves outre-Rhin se sont contractées de 8 % le mois dernier. Les constructeurs souffrent aussi du recul de leurs débouchés européens en général et, surtout, de l'effondrement du marché américain, sur lequel les ventes de Porsche ont plongé de moitié en octobre. Enfin, le ralentissement des marchés émergents comme la Chine frappe aussi les groupes germaniques.Certes, BMW, Daimler, Porsche, Audi, demeurent privilégiés par rapport aux constructeurs généralistes. BMW s'attend ainsi encore à un résultat « nettement positif » cette année, après un bénéfice net de 3,13 milliards d'euros en 2007. Daimler a désormais pour objectif un bénéfice d'exploitation tout de même supérieur à 6 milliards. Pas si mal. Mais les perspectives de résultats faramineux pour les années à venir, jadis imprudemment proclamées, ne sont plus de saison.
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