Comment Pécresse compte répondre à la grogne des enseignants-chercheurs

Invitée hier soir du « Grand Journal » de Canal Plus, quelques minutes seulement avant l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, Valérie Pécresse a réaffirmé qu'on ne retire pas une bonne réforme. Son projet de décret modifiant le statut des enseignants-chercheurs sera bien examiné dans les jours qui viennent par le Conseil d'État malgré la mobilisation des intéressés depuis le début de la semaine.La journée d'hier n'a pourtant pas été de tout repos pour la ministre de l'Enseignement supérieur. Venue à Strasbourg inaugurer la nouvelle université de la ville, l'une des 18 premières à appliquer depuis le 1er janvier sa loi d'autonomie des universités d'août 2007, Valérie Pécresse a dû affronter la grogne de près de 2.000 manifestants. À Paris, où plus de 5.000 personnes ont défilé, et dans les autres villes universitaires, les enseignants-chercheurs, auxquels s'étaient mêlés des étudiants et des politiques, comme Martine Aubry à Lille, se sont également mobilisés en attendant la manifestation de mardi prochain à Paris, convoquée par une coordination nationale représentants 74 universités.Une ligne fermeEn contact constant avec l'Élysée, qui suit de près l'évolution du dossier (et qui avait insisté pour qu'elle se rende bien à Strasbourg malgré les risques de débordements), Valérie Pécresse reste officiellement sur une ligne ferme. Ne serait-ce que pour conforter l'électorat UMP, qui semble en grande majorité favorable à la réforme.Mais devant les risques réels de pourrissement du conflit et de contagion, le gouvernement travaille à mettre de l'huile dans les rouages. La ministre a ainsi annoncé qu'elle recevrait mercredi prochain l'ensemble des représentants de la communauté universitaire, syndicats d'enseignants compris.Ses premiers efforts pour dénouer la crise vont porter sur les présidents d'université. Ceux-ci focalisent actuellement le mécontentement des professeurs et des enseignants-chercheurs en raison des nouveaux pouvoirs de notation et d'organisation prévus par la réforme. Depuis mercredi, Valérie Pécresse fait donc pression sur eux pour qu'ils s'engagent par écrit, dans une charte, à garantir leur impartialité dans la gestion des charges de travail de « leurs » enseignants-chercheurs, et dans la notation de leurs collègues professeurs.Second élément de sortie de crise : la revalorisation des carrières des enseignants-chercheurs. Un dossier sur lequel le ministère reconnaît ne pas avoir suffisamment communiqué jusque-là. Corollaire de la réforme de leurs obligations de recherche et d'enseignement, ceux-ci vont en effet obtenir des améliorations dans le déroulement de leur carrière et dans le système de primes auxquels ils ont droit. Cette revalorisation devrait pouvoir s'appliquer dès la prochaine rentrée. Patrick Coquidé
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