Coup de froid sur l'épargne salariale

Dégringolade de la Bourse, défaillances de grandes banques anglo-saxonnes, scandale Madoff? L'accumulation de mauvaises nouvelles dans le monde de la finance a provoqué la méfiance chez les salariés détenteurs d'épargne salariale. Selon le baromètre annuel Natixis Interépargne, le nombre de personnes ayant placé leur participation ou leur intéressement ou effectué un versement volontaire sur leur plan d'épargne entreprise (PEE) a diminué de 7,6 % en 2008. Il avait progressé de 3,7 % entre 2006 et 2007. « Dans cette période d'incertitude, il y a eu un très net ralentissement des versements au premier semestre, même s'il y a eu un rattrapage sur la fin de l'année », confirme Patrick Alaguero, de Natixis Interépargne.Plus récents que les PEE, les plans d'épargne retraite collectifs (Perco), qui permettent de se constituer une future retraite, ont, eux, progressé de 13,7 %. « Leur développement se poursuit. Mais, par crainte des marchés boursiers, les salariés ont effectué des versements moindres qu'attendu », nuance cependant Patrick Alaguero.Autre signe de méfiance, les épargnants se sont orientés vers les placements les moins risqués, même si les montants placés (986 euros en moyenne pour les PEE) sont en légère progression par rapport à l'année dernière (+ 3 %). Ils ont nettement privilégié les fonds monétaires et, dans une moindre mesure, les fonds obligataires, au détriment des placements en actions. Avec raison, compte tenu des performances des uns et des autres.Un vrai marasme Selon l'indice publié fin janvier par l'Association française de gestion financière, les fonds en actions ont vu leur rendement sur un an dégringoler de 32,81 % quand les indices obligataires se sont maintenus à + 3,77 %. Autres victimes de la crise boursière, les fonds qui permettent aux salariés d'investir dans les actions de leur propre entreprise. Alors qu'ils représentaient 37,4 % des placements fin juin, ils ne pesaient plus que 29,7 % du total des versements en décembre.Les entreprises qui ont fait de la participation et de l'intéressement un élément de rémunération à part entière, avec plus de 15 milliards d'euros distribués en 2006, pourraient être contraintes de revoir leur stratégie. La défiance des salariés à l'égard des dispositifs d'épargne salariale risque, en effet, de réveiller des revendications d'augmentations de salaire stricto sensu. Agnès Laurent
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