Le casse-tête de la sécurité sociale chinoise

Comment faire repartir la consommation en Chine ? Pékin s'y emploie grâce à son plan de relance anticrise. Mais les dépenses des familles chinoises ont du mal à décoller, tant elles restent bridées par l'absence d'une protection sociale. Résultat, au lieu de consommer, les ménages thésaurisent entre 30 % et 40 % de leurs revenus. C'est pour débloquer cette épargne, que les autorités chinoises ont annoncé en janvier dernier des dépenses gouvernementales supplémentaires, afin d'étendre la sécurité sociale existante. Un changement important, de nature à atténuer l'image de « dumping social », longtemps associée à la croissance économique spectaculaire affichée par Pékin.C'est en 1984 que sont assénés les premiers coups de canif contre le système érigé par Mao qui accordait aux entreprises d'État et aux communes populaires la charge des grandes fonctions sociales. Les autorités locales prennent le relais. La gratuité est reléguée aux oubliettes et les inégalités s'envolent. Les populations des campagnes passent entre les mailles du filet. Selon les chiffres officiels, sur plus de 1,3 milliard de Chinois, seulement 317 millions bénéficient d'une assurance-maladie de base, 219 millions d'une retraite et 124 millions d'indemnités chômage. Pire, « les migrants perdent leurs droits sociaux lorsqu'ils quittent leur territoire d'origine, la sécurité sociale n'étant pas organisée à l'échelle nationale », explique Richard Herd, économiste à l'OCDE.des dispensaires d'ici à 2011 En avril, le gouvernement a promis des services de santé « sûrs, efficaces et bon march頻 d'ici à 2020. Mais selon Richard Herd, Pékin « n'a pas encore de vision claire de ce qu'il faut faire ». La maladie est l'un des principaux points noirs. « Même dans les villes, 50 % seulement des actifs sont protégés », explique l'expert. Et pour cause. « Si les dépenses de santé représentaient au total 4,5 % du PIB en 2007, la part assumée par les autorités publiques se limitait à 1,7 % du PIB. »Premier tournant en faveur des ruraux, le gouvernement a mis en place en 2003 une couverture des soins médicaux dans certaines provinces. « Au bout de trois ans, les trois quarts des ruraux étaient en mesure de bénéficier de cette couverture s'ils en faisaient la démarche », indique l'économiste. Mais « les cotisations ne représentaient que 90 yuans par personne et par an, soit moins de 10 euros », détaille l'économiste.Un nouveau tournant s'impose donc. Pékin veut créer des milliers de dispensaires d'ici à 2011 et promouvoir le « médecin de famille ». Une façon d'éviter aux populations rurales de recourir aux soins dans les hôpitaux, jugés bien trop onéreux. Mais « les dépenses supplémentaires annoncées par le gouvernement, 850 milliards de yuans sur trois ans, ne représenteront que 0,8 % du PIB par an », commente Richard Herd, c'est-à-dire fort peu. L'OCDE prépare un rapport qui sera discuté avec la Chine en novembre.Laurent Chemineau
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