La politique économique marche-t-elle encore  ?

Dans la guerre contre la crise, les grands pays occidentaux ont utilisé de lourdes munitions, de façon simultanée, sinon coordonnée. Quelque 5.000 milliards de dollars de relance budgétaire, une réduction des taux d'intérêt quasi à zéro ? au moins dans le monde anglo-saxon ? et des armes « non conventionnelles », comme l'achat de titres par les banques centrales, afin de créer de la liquidité sur les marchés qui en avaient besoin. Le bilan de la Federal Reserve, la banque centrale américaine, est ainsi passé de 800 à 2.200 milliards de dollars d'actifs financiers.L'agressivité de la politique monétaire et budgétaire était indispensable pour combattre la violente chute de l'activité de la fin 2008-début 2009. Seul problème : comment se défendre lorsque le sac à munitions est vide ? Comme le rappelait Gérard Mestrallet, le PDG de GDF-Suez, l'activité recule aujourd'hui moins qu'avant, mais elle se détériore toujours. Elle n'est même pas encore stabilisée, sur les marchés occidentaux et japonais en tout cas. Patrick Artus, l'économiste de Natixis, estime lui que l'insuffisance de la demande privée restera le point central de la conjoncture pour les années à venir. Et qu'après vingt ans de politique de l'offre ? destinée à améliorer la compétitivité des entreprises ? pratiquée dans le monde entier, nous allons maintenant nous tourner vers des politiques de la demande, pour un bon moment.impassesMais comment stimuler davantage la demande si les taux d'intérêt directeurs sont proches de zéro et que les États ont atteint leur limite d'endettement sur des marchés financiers de plus en plus méfiants ? Comment, alors que la dette accumulée est considérable, lever des fonds sans prendre le risque de faire remonter violemment le prix de l'argent à long terme et de compromettre ainsi tout espoir de reprise ? Il y a bien le fameux « grand emprunt national », imaginé par Nicolas Sarkozy. PDG du réassureur Scor, Denis Kessler répond sans ambages : « C'est comme reprendre un Pastis alors qu'on a la gueule de bois. » François Lenglet après 20 ans de politques de l'offre, celles tournées vers la demande pourraient durer un bon moment.La plupart des chefs d'entreprise et économistes présents à Aix soulignent l'accélération récente de l'économie chinoise, sous l'effet du vaste plan de relance annoncé cet hiver (600 milliards de dollars sur 2009 et 2010), ainsi que la très bonne résistance du Brésil, qui ne devrait pas connaître la récession cette année. De son côté, l'Inde connaîtra aussi une année honorable, même si elle a dû redescendre du taux de croissance moyen approchant les 10 % qu'elle enregistrait au milieu des années 2000. Les politiques de stimulation budgétaires semblent réussir à découpler ces grands émergents de la conjoncture mondiale, ce qui n'était pas encore le cas jusqu'à présent. Alors qu'ils étaient naguère très dépendants de leurs ventes à l'étranger ? c'est le cas de la Chine en particulier ?, ils sont désormais plus autonomes, faisant tourner davantage les moteurs nationaux de l'activité. D'après Yu Yongding, éminent économiste de l'Académie des sciences sociales à Pékin, le taux d'investissement devrait largement dépasser 50 % du PIB cette année et la prochaine.Ce découplage est bien sûr une bonne nouvelle, mais surtout pour les pays concernés. « La reprise chinoise, vigoureuse, n'aura aucun impact sur nos économies », a prévenu samedi Patrick Artus, directeur des études économiques de Natixis, lors d'une des sessions. Un jugement corroboré par les observations des chefs d'entreprise européens qui opèrent en Chine, notamment dans le secteur du bâtiment, pourtant privilégié par la relance, et qui ne voient pas le bénéfice de la reprise dans leurs chiffres d'activité. consignesCela s'explique : l'investissement public chinois se concentre sur les entreprises nationales, les administrations ont reçu des consignes très contraignantes à ce sujet, et sur les secteurs à forte intensité en emploi, qui sont justement ceux où la Chine peut se passer de l'apport des étrangers. F. L.texte d'exergue habillé et appliquer sur-lignage exergue colfinedeux questions qui inquiètent
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