Sarkozy cherche des partenaires industriels pour Areva

cite>Areva doit avoir les capacités d'investir dans la relance de l'énergie nucléaire au niveau mondial », a déclaré hier Nicolas Sarkozy, en visite sur le chantier français de l'EPR à Flamanville (Manche). « Nous allons réfléchir aux partenariats industriels qui seraient les plus favorables à Areva. C'est une réflexion qui ne s'improvise pas, qui prendra quelque temps mais je souhaite qu'elle aboutisse prochainement parce qu'elle est désormais nécessaire », a déclaré le président de la République.Ces propos ont dû plonger Anne Lauvergeon, qui était présente, dans des sentiments mêlés. D'un côté, le chef de l'État a reconnu la nécessité de renforcer les moyens du groupe. Cette demande, martelée par la présidente d'Areva depuis des années, avait pris un caractère plus aigu cette semaine. Le conseil de surveillance extraordinaire du groupe n'a pas pu valider les 2,5 à 3 milliards d'investissements prévus en 2009 faute de financement. En revanche, la perspective de se voir doter « rapidement » de « partenaires industriels » ne l'a sans doute pas rassurée. l'option alstom relancéeÉnoncée devant Martin Bouygues et Patrick Kron, cette phrase de Nicolas Sarkozy semble remettre en piste le scénario de fusion avec Alstom, sous la houlette de son actionnaire principal Bouygues. Ce schéma, auquel Anne Lauvergeon reste opposée mais qui a la préférence de l'Élysée, est largement facilité par la sortie de Siemens du capital d'Areva NP. « Le retrait surprise du grand concurrent d'Alstom ouvre un boulevard à Bouygues, qui reste très intéressé par le nucléaire », affirme un proche du groupe de BTP.Areva a évidemment une tout autre interprétation. « Nicolas Sarkozy vient d'écarter la piste Alstom qui mènerait à la constitution d'un conglomérat », se réjouit-on en interne. Anne Lauvergeon préférerait renforcer les liens avec des industriels « amis ». Total, qui détient 1 % d'Areva, répète qu'il veut éviter les simples participations financières. Areva a déjà fait des appels du pied à son partenaire Mitsubishi, qui ne s'est jamais exprimé sur le sujet. Quant à EDF, actionnaire à 2,42 % d'Areva, il est son premier client, mais en concurrence avec la plupart des autres clients du groupe.Quels que soient les « partenaires » et le schéma retenus, il faudra attendre au moins la fin de la négociation entre Areva et Siemens sur le prix des 34 % d'Areva NP, estime un banquier proche du dossier. Difficile pour l'État de valoriser Areva afin d'orchestrer un rapprochement avec un industriel tout en négociant, cette fois à la baisse, les titres Areva à racheter à Siemens. Chez Bouygues et Alstom, en coulisse, on se positionne déjà en négociateur. « On est toujours intéressé mais pas à n'importe quel prix. On ne connaît même pas l'ampleur du désastre finlandais », lance-t-on chez Alstom.investissements 2009En attendant, Areva devra peut-être revoir à la baisse les investissements 2009, qui portent pour moitié sur les nouvelles usines du Tricastin et de Pierrelatte et pour 40 % sur des mines d'uranium. Il faudra peut-être aussi alléger certaines lignes de son portefeuille (Safran, Total et GDF-Suez?). À moins que l'État ne fournisse une rallonge, notamment en renonçant à une partie de ses dividendes. Pour boucler 2009, on tablait jusqu'à hier chez Areva sur des économies (500 millions d'euros) et sur une injection de l'État, éventuellement via le nouveau Fonds stratégique d'investissement (FSI). L'Élysée martèle que « la vocation de ce fonds n'est pas de renflouer des sociétés publiques ». Mais certains notent que Patricia Barbizet, à la tête du FSI, et Anne Lauvergeon siègent ensemble au conseil d'administration de Total.Dans tous les cas, la cession de l'activité transport et distribution d'Areva, valorisée entre 5,6 et 8 milliards d'euros, est évoquée. Alstom, qui l'avait vendue en 2004 pour éviter la faillite, s'en réjouit d'avance. Une consolation pour Anne Lauvergeon : Nicolas Sarkozy a vanté hier, dit-on, le modèle intégré d'Areva (de l'uranium au retraitement). Or ce modèle serait menacé par une fusion avec Alstom.
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