La Chine fait inscrire le dollar à l'agenda du sommet des pays industrialisés

ChangesCeux qui ne croient pas aux « green shoots » ? les fameux bourgeons de l'économie mondiale ? ont mis leur foi dans le « greenback ». Les acheteurs de dollars, à nouveau gagnés par l'aversion au risque, ont permis au billet vert de remonter jusqu'à 1,3880 pour 1 euro, alors qu'il avait reflué jusqu'à 1,42 la semaine dernière, en dépit de la nouvelle offensive menée par les Bric ? les quatre géants émergents ? pour tenter de faire entendre leur voix au sommet des pays industrialisés qui démarre mercredi à L'Aquila, en Italie. fin de l'hégémonieSous la houlette de la Chine, qui a lancé le débat début avril avant la tenue du G20 de Londres et l'a fait inscrire à l'agenda du sommet, le Brésil, la Russie et l'Inde se sont une nouvelle fois prononcés en faveur d'une réforme du système monétaire international qui mettrait fin à l'hégémonie du dollar qui domine le monde depuis les accords de Bretton Woods. Pas de quoi intimider ses aficionados, qui savent pertinemment qu'on ne détrônera pas le roi vert du jour au lendemain. Et qui ont restauré son rôle de valeur refuge, dans un contexte de doutes grandissants sur la réalité de la reprise économique. Même si la plupart des stratèges change lui prédisent un avenir moins souriant.Car un constat s'impose : étant donné les gargantuesques besoins d'emprunts qui vont s'abattre sur les États-Unis au cours des prochaines années pour financer le sauvetage du système bancaire, le plan de relance et les déficits sociaux, le statut de monnaie de réserve du dollar sera conditionné au bon vouloir des pays émergents. Il faudra qu'ils continuent à accumuler de la dette américaine pour le pérenniser alors qu'ils sont d'ores et déjà tentés de diversifier leurs actifs, notamment vers l'euro ou les droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI. La Chine, qui mène le bal de la contestation, a le pouvoir de briser cette domination, mais au risque de pertes colossales sur ses 763 milliards de dollars investis en bons du Trésor américains, qui font d'elle le premier créancier de l'Oncle Sam. C'est la raison pour laquelle certains économistes prennent très au sérieux les propositions émanant de Chine, visant à donner aux DTS un rôle prépondérant. Les DTS du FMI sont une unité de compte plus qu'une monnaie, indexés sur un panier de devises, se limitant au dollar, à l'euro, au yen et à la livre sterling. L'idée sous-jacente des Chinois serait d'en élargir la base pour inclure dans le panier des monnaies émergentes. Le gouverneur de la Banque de Chine, Zhou Xiaochuan, souhaiterait y voir figurer le yuan en bonne place. Avec une arrière-pensée : si la Chine parvient à convaincre ses voisins asiatiques, qui sont déjà ses principaux partenaires commerciaux, que les DTS intégreront bientôt le yuan, il devient pour eux intéressant de commencer à en stocker comme actif de réserve, explique Eswar Prasad, qui a dirigé la division d'études financières du FMI de 2005 à 2006. Une dynamique est en train de se mettre en marche. Isabelle Croizard
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