Hors de tout contrôle

Le roi est nu. Les pouvoirs politiques, dépassés. Désarmés. L'ogre de la crise se nourrit désormais de lui-même. Le krach boursier d'hier a fait franchir un nouveau pas à la crise financière que traverse le monde depuis quatorze mois. Et quel pas ! Celui qui nous conduit au bord du gouffre. Celui qui préfigure l'effondrement du système tout entier. La nouvelle débandade des Bourses, de Djakarta à São Paulo, de Paris à Wall Street, a mis en lumière ce que l'on pressentait ces derniers jours : les interventions des pouvoirs publics sont devenues inopérantes. Ou presque. On a d'abord cru que les injections massives de liquidités, opérées par les banques centrales, épargneraient au monde un " credit-crunch ". On sait qu'il n'en est rien. Au contraire, la crise des marchés monétaires est, depuis le mois de septembre, chaque jour plus aiguë. On a pensé, ensuite, aux États-Unis comme en Europe, qu'adosser un établissement financier menacé à un concurrent mieux portant, ramènerait la confiance chez les épargnants comme chez les clients. C'est le contraire qui se produit. L'effet domino gagne chaque jour du terrain. On a cru encore que des nationalisations, totales ou temporaires, pourraient être un mal nécessaire. Il n'a pas fallu huit jours, pourtant, pour que le soulagement né de la reprise partielle de la banque Fortis par trois États du Benelux, plutôt riches et bien dotés, fasse place à un début de panique. En retirant leur argent, vendredi, les déposants néerlandais ont fait exploser leur établissement en deux entités au sort différent. Le sort du franco-belge Dexia n'est pas plus assuré. Celui de l'allemand Hypo Real Estate, non plus, malgré... deux plans de sauvetage en huit jours ! On avait pensé aussi que la parole des 27 États européens hier, promettant une garantie totale des dépôts, allait ramener le calme. Les marchés financiers ne l'ont même pas entendu. Enfin, la débandade de Wall Street hier a montré le crédit tout relatif que les investisseurs accordent au plan Paulson. Les 700 milliards de dollars débloqués par le Congrès, pour racheter aux banques opérant aux États-Unis leurs créances douteuses, sont déjà jugés insuffisants. Injections de liquidités, nationalisations ponctuelles, plan d'ensemble, plus rien ne semble fonctionner. Depuis des mois, on craignait que la crise ne devienne incontrôlable. Nous y sommes.
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