Le marché ne valorise pas le rachat de DRS par Finmeccanica

Dans les turbulences boursières actuelles, la sous-valorisation des entreprises cotées est clairement devenue un sujet de débat. En proie à un vent de panique, le marché valorise-t-il correctement les fondamentaux des sociétés ? La question s'impose d'autant plus lorsque l'on vientde procéder à une importante acquisition.C'est notamment le cas de Finmeccanica qui a récemment mis la main sur l'américain DRS Technologies pour 3,2 milliards d'euros. Le sujet a en tout cas mis en ébullition les analystes du Crédit Suisse qui estiment aujourd'hui que le marché ne prend pas du tout en compte les conséquences de cette opération sur les activités à venir du groupe italien de défense. Certes, ces derniers reconnaissent que le prix était un peu cher payé. Mais fondamentalement, ils estiment que l'opération est un véritable tournant pour Finmeccanica qui s'ouvre ainsi le marché américain, soit le premier budget mondial de défense. En clair, ce rachat recèle un potentiel de croissance important pour les performances financières du groupe que la Bourse ignore totalement. Malgré l'acquisition de DRS, le titre se paie aujourd'hui 11,24 fois ses bénéfices attendus sur 2008, et surtout 9,6 fois ceux de 2009, soit des ratios en ligne avec le secteur, alors que la consolidation des activités de l'américain dans les comptes du groupe transalpin aura pourtant lieu sur le prochain exercice. Reste que s'il y a bien une déconnexion du marché par rapport à la réalité des chiffres et des fondamentaux du groupe, celle-ci n'est pas complètement dénuée de sens. Car si l'acquisition est plus que stratégique - Thales, qui s'est vu souffler l'opération, en conviendra largement -, le prix se révèle aujourd'hui cher payé à la lumière de la nouvelle réalité financière. Toute la difficulté pour Finmeccanica va en effet être désormais de trouver les financements nécessaires au remboursement. Car l'opération en elle-même a déjà été bouclée. Et ce n'est pas un hasard s'il a fallu un consortium de 36 banques pour boucler l'opération.OPERATIONS RISQUEESMais au-delà, le montage pour Finmeccanica passe par des opérations plus délicates. Et qu'y a-t-il de plus périlleux actuellement que le crédit, si ce n'est le financement par les marchés d'actions ? Or c'est précisément par ce biais que Finmeccanica compte obtenir les fonds nécessaires au remboursement. Ainsi compte-t-il toujours lever 1,4 milliard d'euros par le biais d'une augmentation de capital. Son patron, Pier Francesco Guarguaglini, confirmait la semaine dernière vouloir maintenir l'opération malgré la déroute des marchés. Si son succès est loin d'être garanti, celle de l'introduction en Bourse de 60 % de sa filiale énergétique Ansaldo Energia, dont il doit retirer entre 400 et 500 millions d'euros, l'est moins encore. C'est sans doute pour cela que parallèlement Pier Francesco Guarguaglini laissait entendre que ce second volet pourrait être reporté à des jours meilleurs.
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