Coup de frein sur l'offensive de Toyota

Le premier constructeur automobile mondial fait profil bas. Enfin?! diront ses concurrents, exaspérés par l'insolente réussite d'un Toyota sûr de lui et dominateur, à qui tout semblait jusqu'ici réussir. Le constructeur japonais a annoncé hier une dégringolade de ses profits, avec des prévisions très pessimistes à la clé. Valeur phare de la Bourse tokyoïte, le titre Toyota a d'ailleurs dévissé de 10,3 %, la mauvaise nouvelle officiellement annoncée après la clôture du marché ayant été éventée quelques heures auparavant par les médias.Toyota a vu son bénéfice net chuter de près de moitié sur le premier semestre fiscal (avril-septembre 2008), à 493 milliards de yens (3,9 milliards d'euros). La forte détérioration du marché nord-américain, crucial pour Toyota, et le marasme en Europe de l'Ouest n'ont été que marginalement compensés par les performances en Asie (hors Japon), en Russie, au Brésil. Toyota a même plongé dans le rouge outre-Atlantique, où il réalisait traditionnellement une bonne part de ses profits, et en Europe, sur le seul deuxième trimestre fiscal. Fâcheux. L'appréciation du yen face au dollar a eu aussi un impact négatif de 300 milliards de yens (2,4 milliards d'euros) sur le résultat d'exploitation du groupe, habitué depuis longtemps à profiter d'une devise faible.réduction de la margePour l'année fiscale 2008-2009, le constructeur table désormais sur un bénéfice net de 550 milliards (4,4 milliards d'euros), en chute de 60 % par rapport aux prévisions et de? 70 % par rapport à l'année record 2007-2008. La marge opérationnelle de 8,6 % l'an passé devrait se réduire à un bien modeste 2,6 %, comparable à ce que prévoit un constructeur européen? comme Renault. Pas de quoi pavoiser. Pour la première fois en huit ans, le bénéfice d'exploitation de Toyota restera au-dessous de la barre symbolique des 1.000 milliards de yens (autour de 8 milliards d'euros).Les ventes arrêteront aussi de battre des records, puisqu'elles devraient se contracter à 8,24 millions d'unités (avec la filiale poids lourds Hino et le spécialiste de petits véhicules Daihatsu), contre 8,9 millions l'année dernière. Globalement stables au Japon, elles risquent de chuter sensiblement à l'étranger, notamment outre-Atlantique. trésor de guerreIl s'agira de la première baisse des volumes du consortium nippon en dix ans. « C'est une situation sans précédent », affirme dans un communiqué le vice-président exécutif de Toyota, Mitsuo Kinoshita. Certes, Toyota n'est pas à plaindre. Disposant d'un exceptionnel trésor de guerre, le constructeur nippon jouit d'un outil industriel réputé compétitif, d'une implantation internationale judicieuse, d'une gamme de produits complète et à la qualité renommée, d'une avance technologique en matière de véhicules écologiques hybrides. Mais le credo de l'« amélioration continue », en vigueur au sein de la firme nippone, apparaît aujourd'hui écorné par la crise financière mondiale, qui révèle une vulnérabilité insoupçonnée.Son compatriote Nissan table aussi, pour sa part, sur une baisse de plus de moitié de son bénéfice net sur l'année fiscale. Honda prévoit un repli de 18 %, Mazda de 45 %.
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