La capacité de résistance à la crise a un prix

À force de s'entendre répéter que la Bourse de Paris est bon marché, les investisseurs pourraient presque finir par le croire. D'autant que le rebond de près de 10 % du CAC 40 depuis son plus bas annuel atteint le 27 octobre tend à le confirmer. Mais, si l'indice parisien évolue bien à des niveaux de PER historiquement bas de 8,1 pour 2009, près d'un quart des entreprises qui le composent se négocient une fois et demi à deux fois plus chère que la moyenne. En tête du palmarès des valeurs les plus onéreuses figurent quelques surprises. À commencer par Peugeot, constructeur automobile sinistré qui tient le haut du pavé avec un ratio de 17,9 pour 2009. Soit 14,6 points de plus que le sidérurgiste ArcelorMittal, qui est devenu le titre plus bradé de l'indice. Le compartiment dit défensif reste plutôt bien représenté avec Danone (13,9), Essilor (17) ou Air Liquide (13,2). On retrouve aussi des profils plus cycliques tels que Accor (11,8), LVMH (10,7), ou encore STMicroelectronics (13,3). Reste encore à savoir ce qui se cache derrière ces primes. Et peut-être plus encore à déterminer les degrés de risque qui y sont associés. Sachant que le consensus des analystes, qui table encore sur une hausse de plus de 8 % des profits en 2009, aurait tendance à se montrer beaucoup trop optimiste. « Aux niveaux actuels, le marché anticipe une baisse de 25 % à 30 % des profits des entreprises du CAC 40 en 2009 », observe Frédéric Plisson, gérant à la Financière de l'Échiquier. En théorie, la surcote d'une action par rapport aux multiples moyens du marché est censée refléter une meilleure capacité à résister à la crise. À quelques exceptions près. Comment expliquer par exemple qu'une société aussi exposée aux affres de la conjoncture que Peugeot apparaisse en premier plan?? D'abord parce qu'il ne s'agit pas forcément du seul élément de valorisation à prendre en compte. François Genovese, associé-gérant chez Quilvest & Associés, considère, par exemple, que « la croissance maîtrisée de Peugeot en fait une bonne valeur automobile », alors que l'action « ne s'échange qu'à 1,5 fois le montant de ses flux de trésorerie attendus ». le parti du pireD'autres pensent qu'une partie des mauvaises nouvelles est déjà dans les cours. C'est le cas de Frédéric Plisson : « Je pense qu'il vaut mieux se positionner sur les valeurs cycliques lorsqu'elles sont chères car cela sous-entend que le marché a peut-être déjà pris le parti du pire. » De quoi justifier dans ce cas que LVMH demeure une fois et demi plus chère que la moyenne alors que l'industrie du luxe pourrait entrer en récession l'an prochain. Le risque d'un fort décalage de cours en cas de déception supplémentaire n'en demeure pas moins significatif pour autant. François Genovese cite L'Oréal. Selon lui, « le ralentissement mondial risque d'être durable, et pourrait invalider les primes accordées ». Et d'ajouter : « L'Oréal a beau être considerée comme défensive, une alerte sur les résultats de 2009 n'est pas à exclure. » En attendant, il semblerait normal que les sociétés les plus à même de générer de la croissance soient les plus recherchées en Bourse. Et dont on ne s'étonnerait pas qu'elles puissent un jour bénéficier d'une sorte de prime au survivant.
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