Des financements de plus en plus difficiles

Thésauriser ou faillir. Serait-ce là le choix cornélien auquel les entreprises sont désormais confrontées?? À quelques nuances près, on s'en rapproche, tant l'accès aux ressources devient difficile. Au cours des neuf premiers mois de l'année, le montant des opérations de financement structuré enregistrées en Europe est passé de 416 à 42 milliards de dollars selon Dealogic?!Dans le même temps, l'enveloppe des crédits syndiqués a fondu de près de moitié pour s'élever à 860 milliards de dollars. Cette tendance traduit moins une explosion du risque d'insolvabilité dans la sphère microéconomique que l'envolée du coût du crédit. Incitant par là même les sociétés à réduire leurs ambitions. D'après David Laugier, directeur France du cabinet de conseil BFinance, « la hausse des prix affichés par les banques a été mal vécue par les entreprises ». Les lignes de crédit à court terme reviendraient deux fois plus cher qu'il y a un an aux sociétés bénéficiant pourtant du meilleur profil de risque. Tandis que les emprunts à moyen terme se négocieraient autour de 100 à 200 points de base de plus qu'en temps normal. Car en face, soucieuses de sécuriser au mieux leurs fonds propres, les banques se fixeraient désormais des objectifs de retour sur investissement de 25 % contre 10 % auparavant. Et iraient même dans certains cas jusqu'à facturer des frais de montage de ligne pour augmenter leur marge. Cela dit, la situation des entreprises n'est pas aussi alarmante qu'on pourrait le penser. En tout cas dans un avenir proche. Selon BFinance, la trésorerie des 60 plus grandes firmes européennes couvrirait près de 3 fois la somme de leurs engagements à court terme. Soit 571 milliards d'euros arrivant à échéance entre 2008 et 2010, dont 141 milliards de dettes obligataires. Les experts estiment que les sociétés du CAC 40, hors financières, disposeraient de 120 milliards d'euros de liquidités, notamment accumulées au cours de cinq années ininterrompues de croissance.engagements hors bilanÀ cela s'ajoute l'activation croissante de lignes de crédit par anticipation. D'après BFinance, le taux de tirage moyen s'établit aujourd'hui à 45 % contre 35 % six mois plus tôt. À plus long terme, toute tentative de projection reste délicate. Car seule l'ampleur de la dégradation de la conjoncture déterminera la capacité de chacun à honorer ses engagements. David Laugier rappelle, entre autres choses, que les groupes liés aux marchés publics (utilities, BTP, biens d'équipement?) font parfois face à d'importants engagements hors bilan. Ils correspondent à des garanties sur contrat accordées par les banques moyennant intérêts, dont les montants peuvent dépasser celui du chiffre d'affaires.Dans ce contexte, on peut imaginer que la priorité ira à l'optimisation des ressources propres. Le tout au détriment des investissements et des projets d'acquisitions.FABIO MARQUETTY
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