Barroso et Juncker, un duo inamovible

C'est un peu comme si les Allemands allaient élire leurs députés, le 27 septembre, en sachant que Angela Merkel ne quitterait pas, quoi qu'il arrive, la chancellerie. Les Européens qui se sont rendus aux urnes en fin de semaine dernière avaient la conviction que le prochain président de l'exécutif européen resterait José Manuel Barroso quel que soit leur vote. Deux raisons à cela. Premièrement, la gauche européenne n'ayant pas été capable d'avancer le nom d'un candidat à elle, ils n'entrevoyaient aucune alternative. Deuxièmement, un président de la Commission est la créature des pays autant que des partis. Or les pays, y compris ceux gouvernés par la gauche, comme l'Espagne et le Royaume-Uni, se sont ralliés à un second mandat de l'ancien Premier ministre portugais.le verdict des urnesEn réalité, l'enjeu de l'élection était bien la couleur politique de la prochaine Commission. José Manuel Barroso savait qu'une coalition de gauche majoritaire pourrait lui être fatale. Les Vingt-Sept se sont en effet engagés à agir « dans l'esprit » du traité de Lisbonne, lequel n'entrera en vigueur qu'en cas de « oui » irlandais en octobre. Or « Lisbonne » prévoit que les chefs d'État et de gouvernement doivent désigner un candidat qui tienne compte du verdict des urnes et que celui-ci doit ensuite être élu à la majorité des membres. Le Conseil européen est maître de l'agenda. Mais il est probable qu'il décide d'attendre le vote irlandais pour engager la procédure d'investiture du prochain collège. Cet imbroglio institutionnel n'enchante guère le président Barroso.L'autre « sortant » de taille, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, ignore ces tourments, puisqu'il est simplement désigné par ses pairs, les ministres des Finances de la zone euro et qu'il a été reconduit à l'automne. Il a toutefois semé la confusion en annonçant qu'il abandonnait suite aux élections de ce week-end le portefeuille de l'économie et des finances à son dauphin, Luc Frieden, pour n'être « plus que » Premier ministre. Tout le monde en a déduit qu'il renonçait à l'Eurogroupe, où il a subi diverses brimades de ses confrères sur les paradis fiscaux ou la gestion de la crise. Erreur !, a-t-il expliqué, en ajoutant qu'il conserverait un sous-portefeuille des finances. Florence Autret, à Bruxelle
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