Wavecom ne veut pas achever sa saga dans le giron de Gemalto

Après quinze années d'aventure, le français Wavecom pourrait bien finir sa route en se faisant avaler par Gemalto (voir " La Tribune " d'hier) . Mais, de toute évidence, la PME d'Issy-les-Moulineaux souhaite poursuivre seule son histoire. Un parcours emblématique de ces belles start-up françaises qui, après une folle croissance, ont failli disparaître avec l'éclatement de la bulle Internet et la crise des télécoms des années 2000, mais ont réussi à survivre.En juin 1993, Aram Hékimian, ex-directeur du département informatique de Matra Communication, créé avec deux collègues, dont Michel Alard, Wavecom. " Cela a été une expérience unique, avec des hauts et des bas ", confiait-il récemment. De fait, l'histoire de Wavecom est émaillée de nombreux sursauts. La société débute sa carrière en se positionnant sur le conseil en ingénierie dans les communications sans fil, puis développe dès 1996 des modules GSM standard pour téléphones mobiles et autres applications sans fil. À l'époque, les équipementiers télécoms fabriquent eux-mêmes leurs circuits. Le lancement, en janvier 1997, du premier Wismo (Wireless standard module) de Wavecom est un succès, notamment auprès des fabricants asiatiques. Six ans plus tard, la société lance une plate-forme logicielle permettant l'intégration d'applications directement dans le module.Mais tout d'un coup, tout s'écroule. L'exercice 2003 est une véritable année noire pour le groupe, qui n'a pas su gérer sa croissance. Faiblesse du dollar, coûts trop élevés, trop forte dépendance vis-à-vis du chinois TCL, projets hasardeux et concurrence accrue des fabricants de composants, tel Texas Instrument... Wavecom sombre dans le rouge et doit supprimer 300 emplois sur 860. Il se sépare de son directeur général, Aram Hékimian, (parti depuis fonder avec des ex de Wavecom le fabricant de GPS vocaux sans écran Kapsys), dont les divergences de vue avec Michel Alard pesaient sur le groupe. Surtout, le groupe se retire de la téléphonie mobile et opère un recentrage radical sur ses activités applications verticales : les modules pour automobiles et les communications machine to machine, le " M to M ", ce que convoite justement Gemalto.LES RESULTATS FONT DU YO-YOFin 2004, Wavecom a triplé sa perte nette à 79 millions d'euros. Depuis, Wavecom fait du yo-yo. Redevenu bénéficiaire en 2005, il s'offre même le luxe de racheter la division " M to M " de Sony Ericsson pour près de 30 millions d'euros en 2006, ce qui lui permet au passage de se renforcer en Amérique du Nord. Dernièrement, il a racheté la société toulousaine Anyware pour 13 millions d'euros et s'est implanté au Brésil. Mais le ralentissement économique aux États-Unis a eu raison de son redressement et depuis le début de l'année, ses résultats sont à nouveau orientés à la baisse. Le chiffre d'affaires 2008 devrait retomber à 144 millions d'euros, son niveau de... 2004. Un coup de mou dont veut profiter Gemalto, mais qui ne semble pas décourager Wavecom. Vendredi dernier, son directeur général, Ron Black, rappelait ne pas vouloir vendre, estimant la société " énormément " sous-évaluée et en mesure de créer beaucoup valeur.
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