Une directive pour une industrie en berne

Dans un climat tendu, les autorités européennes ont donné un peu d'oxygène à la gestion d'actifs en Europe. Le conseil Ecofin des ministres des Finances de l'Union européenne et le Parlement européen ont donné leur accord à la révision, tant attendue, de la directive sur les OPCVM, dite Ucits 4.Cette directive prévoit différentes mesures transfrontalières comme la fusion de fonds, la création de fonds maîtres nourriciers et une réduction des délais d'agrément des produits. Des propositions saluées depuis longtemps par l'Efama (European Fund and Asset Management Association), l'association européenne de la gestion d'actifs. marché uniqueMais l'avancée majeure de cette directive porte sur le passeport européen des sociétés de gestion. Si ce texte est adopté par la Commission européenne, le passeport permettrait à une société de gestion de gérer un produit coordonné dans un autre État membre que celui où elle est implantée, sans être obligée d'ouvrir un bureau dans le pays d'accueil. Les principaux objectifs de ces mesures sont de créer un marché unique de la gestion, de renforcer la compétitivité de cette industrie et de réduire les coûts pour les sociétés de gestion. Sur ce point, le cabinet Sia Conseil a évalué à 600 millions d'euros l'économie réalisée par l'industrie française grâce à cette directive.Ces bonnes nouvelles interviennent alors que l'industrie traverse une crise sans précédent, comme le prouvent les derniers chiffres publiés par l'Efama. Sur les neuf premiers mois de l'année, l'association relève une décollecte nette en Europe de 193 milliards d'euros, dont 92 milliards sur le seul troisième trimestre. Cette décollecte, à laquelle s'ajoute un effet marché négatif, a entraîné une chute de près de 16 % des encours des fonds européens Ucits à 5,181 milliards d'euros à fin septembre. Sans surprise, les fonds actions ont le plus souffert, enregistrant des rachats de 134 milliards d'euros sur la période. Suivent les fonds obligataires et diversifiés avec des décollectes nettes respectives de 105 milliards d'euros et 16 milliards d'euros. À l'inverse, les fonds monétaires affichent une collecte nette de 72 milliards sur l'année. La France et le Luxembourg, acteurs majeurs de la gestion en Europe, ont subi les plus fortes décollectes avec respectivement ? 20,8 milliards d'euros et ? 23,6 milliards d'euros, alors que la Suisse résiste à cette hémorragie avec une collecte nette de 7,7 milliards d'euros.Quoi qu'il en soit, cette modification sur les OPCVM arrive à point nommé. Il faut simplement espérer qu'avant son adoption définitive l'industrie européenne de la gestion aura pansé une partie de ses plaies. MARIANNE LAGRANGE
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