À Londres, les gérants cotés en Bourse sont pris en étau

C'était il y a tout juste trois ans. Une bonne partie des sociétés de gestion britanniques s'introduisaienwt en Bourse. BlueBay, Ashmore, Charlemagne Capital venaient rejoindre d'autres, présentes en Bourse depuis longtemps, comme Schroders ou Man Group. Cela semblait la martingale imparable : avec les actions, les salariés étaient richement rémunérés et les meilleurs talents pouvaient ainsi être attirés ; l'introduction apportait une excellente publicité à l'entreprise ; quant aux fondateurs, ils s'imaginaient déjà multimillionnaires?Trois ans plus tard, l'histoire s'est retournée. En quelques mois, les sociétés de gestion se sont retrouvées prises dans une spirale infernale. Non seulement leurs fonds sont touchés par la crise, mais la valeur de leur entreprise aussi.de 520... à 4 penceNew Star en est l'exemple le plus frappant. La société, l'une des plus connues du grand public britannique, est passée d'une action à 520 pence mi-2007 à 4 pence en décembre, avant de finalement devoir être secourue par ses banques créditrices. La panique, provenant de très mauvais résultats sur ses fonds immobiliers et actions, a été amplifiée par la dégringolade de l'action. Si bien qu'Henderson a pu lancer le mois dernier une offre sur New Star pour 115 millions de livres (127 millions d'euros), alors que la société possède 10 milliards de livres d'encours. « C'est une excellente affaire de soldes de janvier », notent les analystes de Keefe, Bruyettes & Woods. « Le paradoxe est que la transparence qu'apporte la Bourse, qui est censée renforcer la confiance dans l'entreprise, a l'effet inverse, note une source proche d'une société de gestion cotée en 2006. À chaque fois qu'une mauvaise nouvelle est annoncée, cela crée de nouveaux retraits de la part des investisseurs. »Certaines entreprises ont même poussé le vice en conseillant à leurs employés d'inves tir leurs économies dans leurs propres fonds. Ceux-ci se retrouvent triplement touchés : leur entreprise va mal, leurs stock-options perdent de leur valeur et leurs économies s'envolent en fumée.Dans ces conditions, y a-t-il encore quelqu'un pour défendre les sociétés de gestion cotées en Bourse ? en quête de robustesseAlain Grisay, directeur général de F&C, pense que la crise renforce justement les entreprises les plus transparentes. « Actuellement, les clients recherchent la robustesse et être coté donne une forte visibilité. » Il ajoute que la présence en Bourse offre aussi un vrai avantage en cas d'acquisition quand les marchés sont turbulents. « Quand les prix des actions sont bas, les entreprises préfèrent ne pas être achetées en liquide, mais plutôt avec d'autres actions, qui peuvent à terme augmenter. » Martin Gilbert, direwcteur d'Aberdeen Asset Management, confirme : il en veut pour preuve son acquisition fin décembre d'une partie de la gestion d'actifs de Credit Suisse pour 250 millions de livres (280 millions d'euros) en actions. « L'un dans l'autre, être coté a plus d'avantages, mais à condition d'être suffisamment grand », conclut-il. Il faudra demander aux employés de New Star ce qu'ils en pensent? n
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