BNP Paribas est en passe de réussir son pari avec Fortis

Il s'en est fallu de peu pour que BNP Paribas ne rate l'occasion de devenir la première banque de la zone euro en termes de dépôts. L'enjeu d'une prise de contrôle de Fortis en Belgique était tel pour la banque française comme pour le gouvernement d'outre-Quiévrain que les deux parties ont dépassé de trois heures le délai ultime pour trouver un accord. Samedi à 3?h?30 du matin, les négociateurs ont officialisé un nouveau schéma de rachat de l'ex-fleuron belge par la banque de la rue d'Antin très proche de celui qui avait été rejeté par les actionnaires de Fortis Holding le 11 février. L'essentiel des changements porte sur un renforcement des garanties pour BNP Paribas en cas de dégradation des comptes de Fortis (voir « La Tribune » du 7 mars). Après moult hésitations, BNP Paribas reprendra bien à l'État belge, qui en détient la totalité, 75 % de sa participation dans Fortis Banque. Cette transaction se faisant comme prévu par échange de titres BNP Paribas au prix de 68 euros, l'État belge deviendra le premier actionnaire de la banque avec 11,5 % de son capital. L'autre changement principal concerne l'assurance de Fortis en Belgique. Au lieu d'en prendre le contrôle complet, BNP Paribas ne détiendra indirectement qu'une minorité de blocage de 25 %. C'est en effet Fortis Banque qui fera l'acquisition de cette participation auprès de Fortis Holding pour 1,4 milliard d'euros. Par conséquent, la prise de contrôle des actifs belges de Fortis coûtera à BNP Paribas 10,3  milliards d'euros (dont 8,2 milliards en titres), contre 14,5 milliards initialement.Cette révision à la baisse des ambitions de la banque française est sans doute un moindre mal. Elle garde le bénéfice d'un matelas de liquidités de 580 milliards d'euros. « C'est un pas très important?: après l'acquisition de BNL en Italie en 2006, BNP Paribas aura désormais (avec la Belgique et le Luxembourg) une présence sur quatre marchés en Europe », s'est félicité Baudouin Prot. Et de préciser?: « Cela donne en matière de dépôts, en matière de crédit, en matière aussi de gestion d'actifs et de banque privée, une dimension nettement accrue au groupe BNP Paribas. » fin d'une série noireSymboliquement, arracher un accord sur Fortis permet aussi au groupe bancaire de tourner la page d'une série noire. Après neuf mois de résistance impressionnante à la crise, BNP Paribas a commencé de montrer des signes de faiblesse cet automne. Tout en essuyant l'opposition des actionnaires minoritaires de Fortis Holding, le groupe enregistrait en l'espace de deux mois une perte de 1,6 milliard d'euros dans ses activités de marché. Ces déboires en ont quasiment fait oublier ses 3 milliards d'euros de résultat net annuel, une gageure à l'heure actuelle. Le cours de BNP Paribas a rejoint la dure réalité des valeurs bancaires. Coté 68 euros lors de la signature du protocole d'accord en vue de la reprise de Fortis, le titre BNP Paribas ne valait plus que 21,70 euros vendredi à la Bourse de Paris.Pour tourner définitivement la page, le groupe bancaire doit arracher l'adhésion des actionnaires de Fortis. Ils devraient se prononcer au début du mois prochain en assemblée générale. Le gouvernement belge, qui ne veut pas prendre le risque d'assumer seul les destinées d'une banque dont seuls les dépôts de ses clients représentaient mi-2008 près des deux tiers du PIB national, aurait pris le soin de s'assurer du soutien d'actionnaires clés. Cette étape franchie, BNP Paribas devra encore mener sans accrocs l'intégration de Fortis. C'est à Jean-Laurent Bonnafé, numéro deux du groupe et artisan de l'intégration réussie de BNL, que reviendra cette tâche. n
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