De nombreux défis à relever en Grande-Bretagne

Six mois après avoir conclu l'achat de British Energy, l'énormité du chantier dans lequel s'est lancé EDF en Grande-Bretagne devient de plus en plus apparente. Si le calendrier de la construction des quatre EPR, dont le premier doit être prêt fin 2017, est pour l'instant respecté, le groupe fait face à plusieurs obstacles, qu'il s'agisse des négociations tendues avec le régulateur britannique, de la volatilité des prix des émissions de CO2, ou du financement des centrales. Vincent de Rivaz, directeur général d'EDF Energy (la branche britannique), reconnaît dans un entretien à « La Tribune » que « le calendrier est serr頻.Le premier souci est une conséquence de la crise. À 5 milliards d'euros pièce, entièrement financées par EDF, les quatre centrales à venir représentent un énorme investissement. C'est pour le réduire que Centrica, le propriétaire de British Gas, a acquis en mai 20 % de British Energy, et qu'il devrait investir à la même hauteur dans chaque centrale. Mais cela risque de ne pas suffire. « D'autres partenaires seront les bienvenus, précise Vincent de Rivaz, sans en dire plus sur leur identité. J'ai confiance, d'autres frapperont à la porte et cela facilitera le financement. »L'autre problème mis en lumière par la crise est l'extrême volatilité du prix du CO2 (les fameux « droits à polluer »). Celui-ci s'est effondré ces derniers mois. Cela rend automatiquement moins compétitif les investissements dans les centrales ne produisant pas de CO2, qu'elles soient nucléaires ou renouvelables. « Aujourd'hui, nous ne sommes pas arrivés à un niveau de confiance suffisant dans le mécanisme [du marché du CO2, Ndlr] », attaque Vincent de Rivaz. Concrètement, EDF souhaite qu'un niveau plancher soit garanti par le gouvernement britannique. Comment financer une telle garantie?? « Ceux qui émettent du CO2 doivent payer. » Il se dit cependant flexible sur le fonctionnement du prix plancher. « Cela peut être un prix plancher, un prix plancher et un prix plafond, ou d'autres solutions. L'important est de reconnaître qu'on ne peut pas faire l'impasse sur le prix du carbone. » Il espère que le livre blanc du gouvernement britannique sur l'énergie, publié la semaine prochaine, apportera des pistes.« dialogue constructif »Par ailleurs, EDF fait face à des difficultés techniques outre-Manche. Le mois dernier, l'autorité de sûreté nucléaire a émis des doutes sur le système de contrôle et d'instrumentation de l'EPR. Ce système informatique, au c?ur du commandement de la centrale, est jugé trop interconnecté, alors qu'il devrait être entièrement indépendant pour faire face à un éventuel problème de la centrale. Vincent de Rivaz évoque un « dialogue constructif » avec les autorités. Mais il confirme son objectif d'obtenir l'approbation technique de l'EPR d'ici 2011. Avec une volonté précise?: « Nous sommes dans une logique de duplication du modèle EPR de Flamanville, pour bénéficier à plein de l'effet de série. »Un autre chantier gigantesque d'EDF outre-Manche est la reconstruction de la filière nucléaire. La dernière construction d'une centrale nucléaire remonte aux années 1980 et la Grande-Bretagne manque d'ingénieurs et d'entreprises spécialisées dans ce domaine. La semaine dernière, l'électricien a invité 300 entreprises pour un grand forum sur la façon dont fonctionnera la sous-traitance. Il affiche l'objectif d'utiliser au maximum des entreprises britanniques, d'autant que les relations s'étendront pendant soixante mois de construction, mais aussi pendant soixante ans d'exploitation de la centrale. « Sur la durée, on ne peut pas imaginer un schéma où les acteurs britanniques seraient des observateurs. C'est du bon sens. »À ces nombreux chantiers s'ajoute le processus d'autorisation des terrains, à Sizewell (est de l'Angleterre) et Hinkley (ouest de l'Angleterre), où seront construites deux centrales à chaque fois. Les consultations avec la population locale ont déjà commencé.Enfin, EDF doit s'occuper du parc existant de huit centrales de British Energy. En principe, sept auront fermé d'ici 2023. Mais Vincent de Rivaz espère prolonger leur durée de vie. « Cinq ans [de plus, Ndlr] sur toutes les centrales serait un beau résultat. » Autant d'énormes chantiers pour EDF outre-Manche.Éric Albert, à Londres
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