La baisse surprise des taux d'intérêt par les banques centrales fait " pschitt "

Aux grands maux, les grands remèdes. Le marché bruissait de rumeurs mardi, alors que la panique s'installait sur les marchés, elles sont devenues réalité hier. Face au 11 septembre financier qui se déroulait sous leurs yeux, les six principales banques centrales du monde ont annoncé à 13 heures de Paris (7 heures à New York) une baisse concertée de leurs taux d'intérêt d'un demi-point, à l'instar de la décision historique qu'elles avaient prise conjointement après l'effondrement des tours jumelles de Manhattan.Le taux directeur de la Réserve fédérale américaine est ramené à 1,5 %, celui de la Banque centrale européenne à 3,75 %, celui de la Banque d'Angleterre à 4,5 % et celui de la Banque du Canada à 2,5 %. Hors groupe des Sept, la Riksbank suédoise et la Banque nationale suisse ont abaissé respectivement le loyer de l'argent à 4,25 % et à 2 % - 3 % pour la fourchette du taux helvète. Le Japon dont le taux directeur se situe à seulement 0,5 % n'a pas participé à l'opération, ne souhaitant pas renouer avec sa politique de taux zéro. Enfin, la Chine s'est arrimée au cortège, annonçant elle aussi un assouplissement monétaire. Depuis des semaines, les banques centrales, malgré des injections massives de liquidités, sont impuissantes à sortir le marché monétaire de la thrombose créée par une crise de confiance sans précédent. Les États ont volé à la rescousse du système bancaire en procédant à des nationalisations d'institutions en péril et garantissent les uns après les autres les dépôts des épargnants.AVEU D'IMPUISSANCELes États-Unis ont mis en place un plan de 700 milliards de dollars de rachat des actifs toxiques qui pourrissent le système depuis l'éclatement de la crise des subprimes. Et pas plus tard que mardi, la Fed s'est lancée dans le financement direct du secteur privé non bancaire en se substituant au marché qui alimente en billets de trésorerie les entreprises.Le geste pourtant héroïque des banques centrales n'aura calmé les esprits que l'espace d'une heure, car les marchés y ont vu un aveu d'impuissance. L'assouplissement dans de telles proportions d'un loyer de l'argent déjà très bas dans la plupart des grands pays, apparaît comme la dernière cartouche. Sauf à imaginer un programme planétaire de nationalisation du système bancaire. Ces baisses de taux en rafale privent les instituts d'émission de toute marge de manoeuvre supplémentaire pour redonner de l'oxygène à une économie réelle contaminée par la crise financière. En termes réels, le taux cible des fonds fédéraux de la Fed est désormais négatif de près de 4 % défalqués de l'inflation totale. Si l'on ne retient que l'inflation sous-jacente, défalquée des produits volatils que sont l'énergie et l'alimentation, ils sont encore négatifs de 1 %. Quant au taux directeur de la BCE, qui criait encore au loup contre l'inflation lorsqu'elle a durci les conditions de crédit en juillet dernier, elle se retrouve avec des taux d'intérêt réels proches de zéro, ce que la Bundesbank n'aurait jamais toléré.
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