Une folle journée de plus sur les places boursières mondiales

Triste désastre ! Les boursiers s'attendaient certes au pire dès le bon matin au vu du dernier repli de plus de 5 % de la place new-yorkaise la veille et de la déroute non moins spectaculaire (avec une chute de 9,38 %) de la Bourse japonaise qui a vu partir en fumée 250 milliards de dollars de capitalisation boursière en une seule séance. Le pire était au rendez-vous. De Bombay à Moscou en passant par Bucarest ou Paris, toutes les places étaient prises d'un vaste mouvement de panique, cédant entre 6 et 14 % et enfonçant de nouveaux planchers. Avec cette constante sur tous les marchés de la planète : quelles que soient les décisions prises par les grands argentiers ou les politiques en vue de rassurer les esprits, les investisseurs ne parvenaient pas à retrouver leur calme, continuant à vendre massivement leurs positions.REPLI DE 6,31 % A PARISLa Bourse de Tokyo a donné le ton en amplifiant les pertes de Wall Street qui avait clos quelques heures avant l'ouverture du marché nippon. Si les banques japonaises ont pu sembler préservées de la crise du subprime, le pays n'est pas épargné par le krach mondial. Les États-Unis absorbent 40 % des exportations de l'archipel. Suivant la même logique, toute hausse du yen, néfaste pour les exportations, se traduit généralement par une baisse des indices boursiers japonais. Or la monnaie nippone flambe dans le désert financier actuel. Sans compter que les étrangers détiennent aujourd'hui un tiers de la Bourse de Tokyo, et sont prompts à rapatrier leurs investissements chez eux lorsqu'ils sentent le vent tourner. " Le Japon a la gueule de bois, mais contrairement aux autres marchés, il n'a jamais été invité aux cocktails ! " remarque Nicholas Smith de HSBC, dans une note intitulée " L'Oasis Japon ". Quelques heures plus tard, l'ouverture des places européennes se déroulait donc dans un climat des plus nerveux. Dès les premiers échanges, des chutes de 5 à 6 % étaient la norme, alors que la Bourse de Stockholm se consumait de près de 10 %. À Paris, pour la première fois depuis janvier dernier, la cotation du CAC 40 était suspendue pendant près d'une demi-heure à 9 h 59... À l'unisson avec le continent, la place parisienne n'a pratiquement jamais cessé de broyer du noir dans la journée, y compris après l'annonce de la décision concertée des banques centrales. Le CAC 40 a certes fait une brève incursion dans le vert mais a très vite retrouvé le rouge pour terminer en repli de 6,31 % à 3.496,89 points, malgré la relative résistance de Wall Street à la mi-séance : le Dow Jones perdait alors 1,61 %. Les opérateurs ont préféré retenir le mauvais côté des choses, estimant qu'une baisse aussi prompte du coût du crédit laissait craindre le pire sur l'état de santé de l'économie mondiale. Seul espoir dans cette journée noire : l'action concertée des banques centrales a immédiatement donné l'idée à certains investisseurs de se positionner sur des dossiers très faiblement valorisés et susceptibles de tirer leur épingle du jeu en cette période critique (Bouygues et Alstom ont alors gagné plus de 6 %). Mais le mouvement d'achat à bon compte n'a pas tenu face au retour de la déprime. Les places occidentales continuaient malgré tout à coter. Ce qui n'était pas le cas des Bourses russes à partir de 11 heures (heure locale), après que les indices ont chuté de plus de 10 %. Le Micex, la principale Bourse russe, perdait 14 % après une demi-heure de cotation. Sa direction a décidé de geler ses activités jusqu'à vendredi. Depuis le mois de mai la capitalisation des marchés financiers russes a perdu 65 %. Le RTS, seconde Bourse russe en volume, coté en dollars et préféré par les fonds internationaux, se trouve désormais à 761,63 points, soit son niveau de juillet 2005...Les bancaires réagissent en ordre disperséEn Bourse, les valeurs bancaires ont accueilli de façon hétérogène le plan de soutien du Royaume-Uni à ses établissements financiers. À Londres, HBOS - dont le rachat par Lloyds est sur les rails, selon cette dernière - s'est envolé de près de 40 % ; la hausse de RBS s'est limitée à 6 % ; Barclays et Lloyds ont perdu 13 % et 6 %. " Le plan de soutien du Royaume-Uni va dans la bonne direction ", approuve Paul Niven, responsable des investissements chez F&C Investments. " Mais il reste à voir s'il sera suffisant ", nuance l'expert. La banque Abbey étant l'une des bénéficiaires de ce plan, les investisseurs ont été saisis de doute au sujet de sa maison mère Santander, qui a chuté de 6 % environ à Madrid.Petite histoire des krachsOctobre 2008 restera dans les annales des krachs qui ont fait vaciller la planète boursière. Le plus connu étant sans nul doute le " jeudi noir " de 1929, aux États-Unis. Ce fameux 24 octobre, l'indice Dow Jones dégringole de plus de 22 % en séance. Le krach de 29 sonnera le début de la Grande Dépression au pays de l'Oncle Sam, et l'avènement d'une crise économique mondiale.Mais, dès 1637, on a parlé de krach, avec l'explosion de la bulle spéculative hollandaise sur les bulbes de tulipes. En 1642, la valeur de la tulipe ne représentait plus qu'un dixième de sa valeur de 1637. Krach encore en 1720, avec les faillites de la Compagnies des mers du Sud et de la banque Law, en Grande-Bretagne. Krach toujours en 1882, lorsque la banqueroute de l'Union Générale ébranle les Bourses de Paris et de Lyon, provoquant une crise économique en France.Plus près de nous, le krach de 1987 à Wall Street. Le 19 octobre, le Dow Jones dévisse de 22,6 %, entraînant les autres places boursières mondiales dans son sillage. Mais les marchés se reprendront vite.Treize ans plus tard, c'est l'éclatement de la bulle Internet. Après avoir atteint son plus haut niveau historique le 10 mars 2000, le Nasdaq, l'indice américain des valeurs technologiques, plonge de 27 % au cours de la première quinzaine d'avril. Cette chute fera tache d'huile sur les autres Bourses mondiales. Le panorama serait incomplet sans les tristement célèbres attentats du 11 septembre 2001. Fermée pour une semaine, la Bourse de New York sombre de 7,3 % lors de sa réouverture.
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