Les pays du Sud, nouveaux émetteurs de CO2

Un Indien émet une tonne de CO2 par an et un Brésilien 1,7 tonne, contre 8 tonnes pour un Européen et 19 tonnes pour un Américain. C'est avec ces données en tête que les dirigeants des pays en développement (PED) ont abordé les négociations internationales sur le dérèglement climatique qui se déroulent depuis plus d'une semaine à Poznan (Pologne) sous l'égide de l'ONU. Et comme l'inégalité des émissions est ancienne, les pays industrialisés sont responsables de plus des trois quarts des émissions déjà stockées dans l'atmosphère. Au nom de cette responsabilité historique, les PED ont été exonérés par le Protocole de Kyoto (1997) d'objectifs chiffrés et obligatoires de réduction des émissions de CO2. Mais il n'en est pas moins vrai que, depuis cette date, l'expansion économique des pays émergents s'est traduit par l'envolée de leurs émissions. La Chine est devenue le premier émetteur de CO2 devant les états-Unis. L'équation est complexe. « Depuis au moins deux ans, les plus avancés des PED manifestent une préoccupation croissante pour l'environnement, souligne Damien Demailly, expert chez WWF, et ils sont arrivés à Poznan avec des plans d'action contre le réchauffement climatique. » La Chine, premier consommateur de charbon et deuxième de pétrole, ne cesse depuis des années de se constituer tout un arsenal de lois environnementales et s'est dotée l'an dernier d'un programme national sur les changements climatiques, initiative inédite pour un pays en développement, prévoyant la réduction de sa consommation d'énergie par unité de PIB de 20 % d'ici à 2010 et le ralentissement des émissions de CO2. Mais aucun objectif chiffré de réduction des émissions des CO2 n'apparaît. Des plans à moyen et long terme en faveur des énergies renouvelables sont également mis en ?uvre. Volontarisme indienContrairement à la Chine, l'Inde contribue très peu aux émissions de CO2 (8 % des rejets), mais New Delhi ne veut pas rester inactif pour autant. D'ici à 2025, les émissions indiennes risquent d'augmenter de 70 % compte tenu de sa croissance prévisible. En juillet, le gouvernement a adopté un plan d'action national contre le changement climatique, qui fixe huit grandes « missions », dont l'une vise la réduction des rejets de CO2. « Mais il faudra voir quels moyens sont alloués à chaque mission », commente une experte française. De son côté, le Brésil vient de lancer un plan de lutte contre la déforestation, dans l'espoir de la réduire de 70 % d'ici à 2018. Le pays détient la plus grande surface forestière tropicale du monde (près de 500 millions d'hectares), mais il est aussi le champion de la déforestation, à l'origine des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre du pays.Tout en reconnaissant ces efforts, les pays riches pressent les émergents de passer à des actions « mesurables, notifiables et vérifiables » cohérentes avec la démarche onusienne. Des études scientifiques préconisent que les émergents se fixent des réductions d'émissions entre 15 % et 30 %. Piqués au vif, les PED réclament des aides elles aussi vérifiables. « Les pays riches conviennent qu'en matière climatique il faut apporter aux PED des soutiens, technologique et financier, et renforcer leurs capacités institutionnelle », explique un expert français. Des fonds ont été créés (fonds spécial pour le changement climatique, fonds pour les pays les moins avancés, fonds d'adaptation) en ce sens. Les PED ont aussi la possibilité de recevoir des investissements d'entreprises occidentales pour monter des projets industriels générant des droits à émettre du CO2 au profit de ces entreprises. Dans tous les cas, les montants disponibles demeurent très insuffisants. Car les investissements nécessaires seraient de l'ordre de plusieurs centaines de milliards de dollars par an d'ici à 2030. De nouvelles ressources sont donc indispensables et l'Union européenne est très attendue sur ce point. Son projet de directive sur l'énergie et le climat prévoit que les quotas d'émissions de CO2 dont les entreprises ont jusqu'à présent bénéficié gratuitement soient désormais mis aux enchères. Une partie des recettes générées pourraient être consacrée à aider les PED. Mais ce projet est contesté à l'intérieur même de l'Union, et les états-Unis sont encore loin de vouloir l'adopter.La Chine a adopté en 2007 un programme de réduction de sa consommation d'énergie par unité de PIB de 20 % d'ici à 2010 et le ralentissement des émissions de CO2.L'Inde a mis en ?uvre des actions volontaires visant à améliorer l'efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. En juillet, les autorités ont adopté un plan d'action contre le changement climatique. Le Brésil vient de lancer un plan de lutte contre la déforestation dans l'espoir de la réduire de 70 % d'ici à 2018. L. C.
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