Auto  : un plan à près de 9 milliards d'euros

Alain-Gabriel Verdevoye, avec Gaël Vautrin Un plan de sauvetage nécessaire ? Sûrement. Un plan suffisant ? Voire. Les deux constructeurs français ont officiellement applaudi à l'annonce par le chef de l'état, hier, de deux prêts de 3 milliards d'euros chacun à Renault et PSA, d'une durée de cinq ans. Un troisième crédit de 0,5 milliard sera accordé à Renault Trucks (filiale de AB Volvo). Outre ces prêts d'un montant global de 6,5 milliards à un taux de 6 %, Nicolas Sarkozy a annoncé le doublement de l'aide aux établissements de crédit des deux constructeurs automobiles, à 2 milliards d'euros, ainsi que le doublement de l'aide aux sous-traitants, à 600 millions, dont les deux tiers proviendront des constructeurs.« Le prêt [?] est particulièrement bienvenu en pleine crise du crédit. Associé aux efforts faits par toute l'entreprise, il permettra à Renault de tenir bon et, notamment, de financer ses projets stratégiques en France », a aussitôt affirmé le constructeur de Boulogne-Billancourt. « Ce prêt permettra au groupe de soutenir en particulier son programme de développement de véhicules plus propres, plus économes en énergie », renchérit PSA.En contrepartie, les constructeurs se sont engagés « à ne pas fermer d'usines d'assemblage de véhicules en France dans les prochaines années », assure le communiqué de Renault et à « ne pas mettre en ?uvre de plans de licenciements en France », selon les termes de PSA. Un engagement qui ne coûte d'ailleurs pas forcément très cher aux constructeurs. Les investissements dans les usines à l'étranger sont déjà effectués et de copieux plans sociaux ont déjà été réalisés ces dernières années. En outre, l'engagement de ne pas procéder à de nouveaux plans sociaux ne porte que sur? 2009, a précisé Patrick Pelata, directeur général délégué de Renault.financer les stocksUne fois soulagés par cet apport d'argent frais, les constructeurs savent toutefois pertinemment que l'année 2009 sera très dure. Christian Streiff, patron de PSA, prévoit ainsi un marché automobile mauvais cette année et stable à un bas niveau l'an prochain. Dans cette perspective, les deux constructeurs vont être contraints de puiser dans leur trésorerie pour financer leurs stocks. Or, faute de trésorerie, c'est leur endettement qu'ils vont un peu plus creuser cette année. Selon le consensus FactSet Estimates, PSA et Renault, qui ont terminé 2008 avec des dettes nettes de 2,5 et 5,8 milliards d'euros respectivement, pourraient dépasser en 2009 les plus de 6 milliards chacun. Soit le double de ce que l'état leur aura accordé. Autant dire que leurs besoins financiers demeureront importants. Et ce sans compter sur certaines échéances à venir. Alors que les deux constructeurs sont attendus sur ce sujet à l'occasion des résultats annuels, il apparaît d'ores et déjà que Renault devra rembourser dès juin une émission réalisée sur le marché obligataire d'un montant de 1,3 milliard d'euros.Même s'il ne sauve pas en soi les constructeurs français, le plan risque toutefois de faire grincer des dents à Bruxelles. Le secrétaire d'état à l'industrie, Luc Chatel, a certes souligné hier qu'il « n'a rien d'une mesure protectionniste ». Mais la Commission européenne n'a-t-elle pas mis récemment en garde Paris contre, précisément, la tentation d'« un retour au protectionnisme » ?En tout cas, le secteur automobile français aura fait l'objet d'une belle sollicitude de la part des pouvoirs publics, au grand dam d'autres secteurs qui se plaignent de cette différence de traitement. Un tel intérêt s'explique pourtant largement par le poids de la filière automobile française, la plus importante d'Europe derrière l'allemande, dans l'économie nationale. Elle emploie, au sens large, 10 % de la population active. Générant 1 % du produit intérieur brut, elle est à l'origine de 15 % des dépenses de recherche et développement dans l'Hexagone, d'après Luc Chatel. En revanche, longtemps pourvoyeur de solides rentrées de devises, le secteur affiche depuis l'an dernier un solde commercial négatif, avec un déficit de 3,4 milliards d'euros.
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