HRE  : l'État allemand se veut généreux

Cette fois, le processus de nationalisation de Hypo Real Estate (HRE) est lancé. Hier matin, le fonds chargé de la gestion du plan de sauvetage bancaire allemand, la Soffin, a annoncé qu'il déposera dans les prochains jours une offre publique d'achat sur HRE au prix de 1,39 euro l'action. Ce prix, qui valorise la banque à 290 millions d'euros, est supérieur de 13 centimes au minimum légal et de 19 centimes au prix de clôture de mercredi soir. Cette générosité est cependant intéressée.Berlin veut aller vite, notamment en décidant le fonds américain JC Flowers, qui possède encore 21,7 % de la banque, à apporter ses titres dans le cadre de l'OPA. Ainsi ferait-on l'économie d'une expropriation qu'une loi récemment adoptée rend désormais possible. Le ministre de l'Économie, Karl Theodor zu Guttenberg, devrait, selon le « Süddeutsche Zeitung », rencontrer les représentants du fonds dimanche pour les convaincre. Pour JC Flowers, qui réclame 3 euros par titre, le choix est délicat : s'il n'apporte pas ses titres, il risque d'être exproprié avec un dédommagement inférieur au prix de l'OPA. Il ne lui restera plus alors qu'à se lancer dans un long combat judiciaire, sans garantie d'obtenir les 3 euros souhaités. Mais, pour le moment, JC Flowers, qui a dépensé lors de son entrée dans la banque plus de 20 euros par titre, semble maintenir une ligne dure : il a fait savoir qu'il maintenait sa préférence à demeurer actionnaire.banque systémiqueLe ministre des Finances, Peer Steinbrück, n'est, lui, pas prêt à tolérer JC Flowers dans le capital de HRE. Pour lui, l'État doit disposer de la part la plus élevée possible dans le capital de HRE afin de pouvoir restructurer entièrement et en toute liberté l'institut tout en lui permettant de se refinancer dans de bonnes conditions. Depuis sa quasi-faillite en septembre dernier, la banque a en effet reçu 102 milliards d'euros de lignes de crédit et de garanties sans pouvoir sortir la tête de l'eau. Or Berlin ne peut se permettre de laisser sombrer HRE dont les 400 milliards d'euros de bilan en font une banque systémique au niveau européen.Romaric Godin, à Francfort
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