EDF, le « dépensier » d'avenir

Quel tollé ! Quelle volée de bois vert ! Des antinucléaires aux partis politiques, en passant par les associations de consommateurs et les syndicats, il n'y a pas eu de mots assez forts, hier, pour condamner la demande d'EDF d'une forte hausse de ses tarifs (20 % en trois ans). « Tentative de renflouement après des investissements insensés » pour les uns, « cynisme » pour les autres, qui accusent l'électricien public de vouloir « taxer » les particuliers pour payer les intérêts des 250.000 souscripteurs à son emprunt. Christine Lagarde, la ministre de l'Économie, s'est montrée, elle, plus ouverte, reconnaissant hier qu'il fallait « envisager des hausses tarifaires ». Ce n'est pas sans raison. Le dossier de Pierre Gadonneix, le PDG d'EDF, n'est en effet pas si mauvais. EDF, c'est tout à la fois un acteur déterminant de la compétitivité du pays, un plan de relance bis, le bras armé d'un État renouant avec une politique industrielle et un puissant levier pour nos exportations. Un acteur déterminant de notre compétitivité ? Le prix de l'électricité est en moyenne, en France, de 15 % à 30 % moins cher que dans le reste de l'Europe. Les Français en bénéficient, les industriels aussi. Un plan de relance ? Le groupe public prévoit 36 milliards d'euros d'investissement sur trois ans, dont 20 milliards en France, qui devraient se traduire par 20.000 créations d'emploi. Ce n'est pas très loin des 26 milliards d'euros mis sur la table par les pouvoirs publics pour relancer la machine. Et c'est encore plus proche, si l'on s'en tient aux investissements « physiques », puisque nombre des mesures prises par l'État pour aider les entreprises sont purement financières (la restitution accélérée du crédit d'impôt recherche, par exemple?). Les dépenses d'avenir sont là. Enfin, EDF a été appelé à la rescousse pour épauler Areva, le fabricant de centrales nucléaires, à la fois financièrement et à l'exportation. L'électricien va suivre l'augmentation de capital du groupe dirigé par Anne Lauvergeon et lui apporter sa caution pour l'aider à décrocher la construction de deux réacteurs EPR à Abu Dhabi. Il n'est jusqu'aux impôts où EDF pourrait être à nouveau sollicité, l'État prévoyant un prélèvement accru sur les très grandes entreprises de réseau pour limiter le manque à gagner que devrait entraîner la réforme de la taxe professionnelle. EDF est, dans le bon sens de l'expression, une vache à lait. Cela a un prix. [email protected] pierre-angel gay
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