Wall Street sera passé au peigne fin

« Attendre quatre années supplémentaires pendant lesquelles personne à Washington ne surveillerait qui que soit à Wall Street parce que des politiciens et des lobbyistes ont éliminé des règles qui tombaient pourtant sous le sens est la dernière chose que nous puissions nous permettre. » Ainsi s'exprimait Barack Obama, à la veille du scrutin où il fut élu président des États-Unis. Depuis des mois, banques, assurances, hedge funds et courtiers hypothécaires sont prévenus?: la victoire démocrate à la Maison-Blanche et au Congrès se traduira inéluctablement par un train de réforme à la mesure de la plus grave crise financière traversée par les États-Unis en soixante-dix ans.C'est au peigne fin que Barack Obama et les ténors démocrates du Capitole, forts de la consolidation de leur majorité, entendent passer Wall Street. Et c'est sans attendre la prochaine législature et la prise de fonctions du futur président, le 20 janvier, que ses équipes vont se saisir des dossiers qu'elles seront amenées à traiter. Pour cela, elles collaborent déjà avec l'entourage du secrétaire au Trésor, Henry Paulson. saisies de logementsAu cours de sa campagne, Barack Obama a prévenu qu'une fois élu il intensifierait la réglementation des établissements bénéficiant du plan de sauvetage financier de 700 milliards de dollars adopté au Congrès, ainsi que le contrôle de la rémunération de leurs dirigeants. Le candidat a aussi indiqué qu'il renforcerait la surveillance des agences de notation et remplacerait les agences de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae par une « structure qui soit déterminée à aider les ménages à acquérir un logement et non à spéculer sur les marchés », mais dont les contours demeurent flous.Obama entend aussi instaurer un moratoire sur les saisies de logements par les banques, celles-ci étant fortement encouragées à restructurer les crédits hypothécaires risqués. Il veut également réformer la loi sur les faillites personnelles et abolir « les pratiques prédatrices » de certains émetteurs de cartes de crédit. Au Capitole, les démocrates espèrent réformer en profondeur la supervision de Wall Street dès le premier semestre de 2009 et ce dans des proportions « comparables à ce que Franklin Roosevelt et le Congrès avaient effectué avec le New Deal », a prévenu Barney Frank, le président de la commission des Services financiers de la Chambre des représentants. L'une des priorités de Frank et Obama est d'éliminer les redondances entre régulateurs financiers et surtout leurs lacunes. Barney Frank a ainsi évoqué la création d'un « régulateur du risque systémique » aux pouvoirs étendus, qui superviserait aussi bien les assureurs que les fonds alternatifs. Des fusions sont aussi envisagées, notamment entre l'agence fédérale chargée de la supervision des banques nationales (OCC) et celles ayant autorité sur les caisses d'épargne (OTS). Les démocrates étudient également le mariage du gendarme boursier (SEC) et de celui des produits dérivés (CFTC) proposé par le Trésor, ce qui permettrait de surveiller plus étroitement le marché des « credit default swaps » (CDS). La crise encourageant la consolidation du secteur bancaire ? sous l'?il bienveillant des régulateurs qui souhaitent limiter les faillites ?, les démocrates envisagent aussi d'assouplir la loi empêchant à tout établissement de gérer plus de 10 % des dépôts du pays. JPMorgan Chase, Wells Fargo et Bank of America seraient alors plus surveillés mais libres de poursuivre leurs emplettes. E. C., à New York
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